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que ce soit ne prête, surtout à Paris. Les notaires ayant ruiné leur clientèle se sauvent par douzaines. La semaine dernière seule, trois ont fait banqueroute. Les notaires G... et B... . m’ont volé près de 500 000 francs. Toute l’industrie de France, sans exception, est en banqueroute et par conséquent sans travail. La moitié des grands quartiers de Paris est vide et couverte d’écriteaux. Point d’étrangers. Dans les hôtels garnis, on paie 300 francs les appartements loués jadis 15 et 18. Plus de toilettes. Pour les arts, n’en parlons point, ce n’est pas pour eux l’agonie, c’est la mort.

« Dans ces affreuses circonstances, nos gouvernants mettent le comble à nos maux par leur fatale administration. Ce n’est pas encore un sauve qui peut, mais un pille qui peut général. C’est la seule chose bien faite en France. Toutes les entreprises sont renouvelées et données au coin du feu entre amis. Fi de la publicité ! On appelle tout l’urgence et, par urgence, on a donné l’Opéra à l’ami Véron avec la légère subvention de 850 000 francs. D’autres soumissionnaient pour 300, le plus haut pour 350. Les affaires plus obscures telles que fournitures, entreprises privées se donnent pour des participations. »

Au dire de Mme Hamelin, toute cette gabegie ne s’arrête pas Là. Il y avait en outre de scandaleuses prébendes. Louis-Philippe se serait abandonné à la reconnaissance la plus prodigue envers ceux qui l’avaient hissé au pouvoir. « Ainsi, affirme-t-elle, nos meneurs ont reçu galamment, Benjamin Constant 300 000 francs au 23 août, Laffitte des millions, etc… Tous les fonds secrets ont été dévorés à l’instant et les 30 millions destinés au petit commerce ont été employés à payer l’intrigue et les vainqueurs civils, lesquels vainqueurs ne se montraient pas aux journées. » Pour qu’on fasse confiance à de telles assertions, l’auteur de ces lignes ajoute péremptoirement : « J’ai des notes précises et précieuses sur toute cette immense curée. Voilà la seule magnificence de Philippe. »

Mme Hamelin exècre es révolutionnaires de 1830 et elle sort de ses gonds quand on veut les apparenter aux grands ancêtres. « Voulez-vous comparer ce gâchis à la première révolution ? s’écrie-t-elle« Ça se ressemble comme Mirabeau et Guizot. La première révolution avait des motifs. Elle donna immédiatement le territoire à partager avec la planche des assignats. La rapace industrie n’existait pas encore. Enfin les