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à travers une bougie en terre poreuse. La découverte de la toxine diphtérique et celle de la toxine tétanique, qui par leurs propriétés se rapprochent des diastases et des venins, a été comme la préface de la grande découverte des antitoxines. Maurice Raynaud et Charles Richet nous ont donné les premiers sérums antimicrobiens si nombreux aujourd’hui. Les vaccins microbiens dont on fait si grand usage sont des cultures tuées par divers procédés. La rage a fourni le premier exemple d’une maladie causée par un virus indécelable au microscope, et depuis des virus dits invisibles ont été reconnus comme la cause de maladies nombreuses de l’homme, des animaux et même des végétaux. La microbie de la terre arable est à peine commencée et déjà elle nous a expliqué la nitrification et les phénomènes de réduction d’où dépendent la fertilité du sol ; partout des laboratoires sont consacrés à l’étude des microbes de la terre, étude dont la nécessité s’impose à l’agriculture.

La chirurgie antiseptique et l’asepsie sont filles des méthodes pasteuriennes, de même que l’hygiène avec ses puissantes méthodes prophylactiques. La science des microbes a renouvelé les conceptions de la médecine, ses procédés de diagnostic et sa thérapeutique. En dehors des découvertes qui dérivent de l’œuvre de Pasteur, combien d’autres qui ne s’y rattachent pas directement ont été provoquées par elle, tant son influence est féconde ! Plus le temps s’écoulera, plus cette œuvre paraîtra grande. Nous avons pris l’habitude des bienfaits que nous lui devons et nous ne nous en étonnons plus ; mais, si nous réfléchissons à ce que Pasteur a créé de richesses nouvelles et économisé de souffrances humaines, nous conviendrons que jamais le nom de Bienfaiteur de l’humanité, qui lui est unanimement consenti, ne fut mieux mérité.


DOCTEUR ROUX.