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Les douces thébaines odes.
Et humblement je chantai
L’olive dont je plantai
Les immortelles racines.
Par moi, les Grâces divines
Ont fait sonner assez bien
Sur les rives angevines
Le sonnet italien.


C’était alors à l’Olive que Du Bellay attachait l’espoir de son succès. Ce recueil de sonnets, le premier que les libraires de Paris eussent imprimé (le recueil lyonnais de Pontus de Tyard est de la même année), lui constituait un juste titre à la renommée. Peu importait que chaque pièce fût tirée d’un original italien. C’est précisément le service que rendaient ces poètes à notre langue, de la faire bénéficier d’un seul coup de toute l’expérience d’un art antérieur et longuement mûri par le temps. L’originalité de Du Bellay consistait dans l’architecture de son livre, qui s’élevait peu à peu du premier sourire de l’amour à la conversion religieuse de l’amant. Dans le détail, il mettait à la disposition de ses confrères, par des modèles déjà excellents de composition et de facture, le poème favori des Italiens, le moule où, depuis deux siècles et demi, se coulaient leur ingéniosité sentimentale et leur subtile verbosité. « Sonne-nous, disait la Défense, ces beaux sonnets, non moins docte que plaisante invention italienne. » L’Olive et le livre premier des Erreurs amoureuses du futur évêque de Chalon sont deux recueils entièrement composés de sonnets sur un même sujet, à la façon des pétrarquistes d’Italie. La nouveauté était importante, le petit poème ne s’étant guère présenté qu’isolé chez Marot, Scève ou Saint-Gelais. On sait quelle extraordinaire fortune il devait trouver dans notre poésie. Aucune contestation de priorité ne parait s’être établie entre les deux amis de Ronsard, qui avaient travaillé en même temps ; ce n’est qu’après la mort de Joachim que Pontus s’avisa de réclamer un droit sur ce point. C’était son meilleur titre de gloire, ce qui l’excuse de s’en être montré jaloux.

Les Erreurs, à vrai dire, ne sont guère inférieures à (‘Olive et lui ressemblent par plus d’un côté. Ces œuvres d’artifice doivent une première part de leur inspiration à la Parfaite amie d’Antoine Héroët, une autre, plus certaine, aux divers Italiens