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Seul, libre du passé comme de l’avenir,
Versailles, c’est en toi que je veux voir finir
Ce qui me restera de mon suprême automne ;

Et comme récompense à qui t’a bien chanté,
N’est-il pas juste aussi que ta grâce lui donne
Ton silence, ta solitude et ta beauté ?


AUTOMNE


O fauve Automne, toi qui portes
Les dépouilles d’or de l’été
Et qui fais de tes feuilles mortes
La parure de ta beauté,

J’ai vu ton farouche visage,
Ton visage triste et charmant,
Encadrer ta vivante image
Au miroir du bassin dormant.

Et dans le vieux parc solitaire
Où tu me conduis par la main,
Mon pas humblement terrestre erre
A côté de ton pas divin ;

Lorsque nous passons, la statue
Que rougit le soleil couchant
Semble soudain être plus nue
Dans le silence et dans le vent ;

L’écho diffère sa réponse
Et nous cherche autour du rond-point ;
L’allée en la brume s’enfonce
Vers le canal qui la rejoint ;

Une ample splendeur monotone
Emplit ces lieux jadis royaux
Qui t’offrent, o royale Automne,
Leurs marbres, leurs bronzes, leurs eaux,