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sont restés lettre morte. À cause de cela, nous autres, vos ministres, nous n’avons aux yeux du peuple aucun prestige, aucune force ; on ne nous croit plus. Il est heureux que le peuple ait gardé son amour pour vous et qu’il ait conservé une confiance inébranlable en votre personne. De grâce, laissez tomber du haut du trône quelques paroles de paix et de soulagement. Dites que vous regrettez ce qui est arrivé, que vous déplorez le sang versé et que vous voulez à tout prix établir les responsabilités, en prenant jusque-là sous votre haute protection, tous ceux qui veulent travailler et en châtiant sans pitié les meneurs.

Cette prière produisit sans doute quelque impression sur l’Empereur ; car, après d’autres sujets de conversation, il y revint, en disant qu’il préférerait que son nom ne fût pas mêlé à cette affaire.

Lamsdorff insista courageusement :

— Seule, une intervention personnelle de Votre Majesté peut encore réparer le mal qui a été fait.

Comme résultat de cet entretien, on publia, le 26 janvier, un communiqué officiel qui était une espèce de compromis entre les idées de l’Empereur et celles du comte Lamsdorff.


Entre temps, la situation de nos armées en Mandchourie devenait chaque jour plus périlleuse.

Notre dernier espoir était dans la flotte que l’amiral Rojdestvensky amenait d’Europe. Le 16 mai, nous apprenions l’irréparable désastre de Tsoushima.

L’heure était singulièrement propice pour les desseins de l’empereur Guillaume.

Le 30 août, l’empereur Nicolas, qui résidait alors à Péterhof, venait de recevoir le rapport du comte Lamsdorff. Il était sept heures et demie du soir ; le crépuscule tombait. Un domestique entra pour allumer les lampes. L’Empereur tira de son bureau un papier, en disant :

— J’ai quelque chose à vous communiquer, comte. Si je ne l’ai pas fait jusqu’à présent, c’est que j’étais lié par ma parole d’honneur.

Le papier qu’il tenait à la main était le trop fameux traité que l’empereur Guillaume lui avait fait signer subrepticement à Björko, le 24 juillet précédent.