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à Saint-Pétersbourg sous la forme d’un télégramme câblé d’Amérique.

L’Empereur en était très satisfait et, au rapport du 19 janvier, il dit au ministre que, d’après lui, la guerre était conjurée, puisqu’il avait déclaré au ministre du Japon qu’il n’en voulait pas.

La satisfaction du souverain était partagée par l’Impératrice douairière qui, ayant fait venir le comte Lamsdorff le 7 janvier chez elle au Palais Anitchkoff, admira la présence d’esprit et le sang-froid de son fils.

Cependant les événements ne se dessinaient pas sous un aspect aussi favorable. Le premier avertissement nous fut donné par l’empereur Guillaume qui télégraphia à l’empereur Nicolas, le jour même de la nouvelle année russe :

Avis à l’Amiral du Pacifique ! Les communications privées et celles de la presse démontrent que la réponse japonaise du 12 n’est pas d’un caractère péremptoire ; toutefois je suis informé, de deux sources absolument sûres, que non seulement tous les hommes d’État japonais sont décidément pour la guerre, mais que le parti de la guerre a gagné à ses idées le marquis Ito.

AMIRAL DE L’ATLANTIQUE.


Le même jour, notre ministre à Tokio, le baron Rosen, nous informait que le Japon déclinait notre proposition sur la zone neutre, protestait contre la défense de construire des fortiiications sur la côte coréenne et demandait des garanties en Mandchourie. Le ton de la note japonaise était cependant pacifique ; le Gouvernement de Tokio avait l’air de vouloir continuer les négociations. Ce caractère conciliant de la réponse japonaise fut souligné par le comte Lamsdorff dans une lettre qu’il envoya le 15 janvier à l’Empereur, en disant que la question de la zone neutre ne présentait pas pour nous une importance capitale, tandis qu’au contraire les fortifications sur la cote coréenne menaceraient l’indépendance et l’inviolabilité territoriale de la Corée que nous tenons à protéger aux termes de l’article Ier du projet remis par nous aux Japonais. Le comte Lamsdorff exprimait, en même temps, ses regrets de ce que le baron Rosen eût abordé avec M. Komoura la question de la Mandchourie, tandis qu’il avait pour instructions de ne le faire que dans le cas où toutes nos autres conditions étaient acceptées.

L’amiral Alexéïeff interprétait la note japonaise d’une façon