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ils n’ont contractées que dans l’intérêt de la commune victoire ; la haute banque et la grande industrie ne cachent pas que le meilleur moyen d’arriver à atténuer la crise financière et économique générale serait au contraire l’annulation des dettes interalliées. Enfin, beaucoup d’Américains sont las du régime « sec, » et une ligue nouvellement formée a mené une vigoureuse campagne contre les exagérations et les hypocrisies des lois qui prohibent sans exception ni tolérance toutes les boissons alcoolisées.

Les élections traduisent le mécontentement du pays. Les républicains gardent la majorité dans les deux Chambres, mais c’est une majorité très réduite, très précaire et qui pourrait, sur certaines questions, se changer en minorité. A la Chambre des représentants, on compte 221 républicains contre 212 démocrates, 1 socialiste et 1 indépendant, soit 7 voix de majorité ; au Sénat, 52 républicains contre 43 démocrates et 1 travailliste-agrarien, soit 8 voix de majorité. Mais, depuis les débats sur le Traité de Versailles, un schisme s’est révélé dans le parti républicain ; des radicaux, des « irréconciliables, » se sont séparés de la majorité dans les scrutins importants ; tous sont réélus avec des majorités accrues, tandis que le sénateur Lodge, le bouillant adversaire du président Wilson, dans son État de Massachusetts, citadelle du parti républicain, n’obtient qu’avec peine 2 000 voix de majorité sur 800 000 votants. Avant les élections, le sénateur Borah, de l’Idaho, menaçait, « au cas où le Gouvernement républicain ne changerait pas complètement ses méthodes, » de créer un tiers-parti « progressiste » avec des hommes comme les sénateurs La Follette, du Wisconsin, Brookhart, de l’Iowa, Henrick Shipsted, du Minnesota, Howel et Borris, du Nebraska, Ladd, du Nord-Dakota, etc. ; c’est aujourd’hui chose faite ; le sénateur La Follette a convoqué « tous les représentants et sénateurs progressistes » à un meeting où, le 12 janvier, on définira le programme du nouveau parti qui trouve son assiette géographique dans le Middle-West et est soutenu par les fermiers de la vallée du Missouri. Les républicains devront compter avec lui s’ils ne veulent pas compromettre sans remède leurs chances de succès pour l’élection présidentielle, de 1924. M. Mac-Cumber, promoteur du nouveau tarif douanier, est battu, ainsi que M. Andrew Volstead, auteur de la loi de prohibition ; élu au contraire le gouverneur Edwards qui se propose de rendre l’État « aussi humide que l’Atlantique ; » dans l’État de New-York, le poste de gouverneur est enlevé aux républicains et échoit à un démocrate antiprohibitionniste. Le sénateur Frelinghuysen, du New-Jersey,