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REVUE MUSICALE


Théâtre de l’Opéra : La Fille de Roland, tragédie musicale en quatre actes, d’après Henri de Bornier ; poème de Paul Ferrier. — Théâtre de l’Opéra-Comique : La Habanera, drame lyrique en trois actes, poème et musique de M. Raoul Laparra. — Les uns et les autres, comédie musicale en un acte, d’après Verlaine, musique de M. Max d’Ollone. — Quand la cloche sonnera... drame lyrique en un acte ; poème de MM. d’Hansewick et de Wattyne, musique de M. Alfred Bachelet. — Gianni Schicchi, opéra-bouffe en un acte ; poème de Gioachino Forzano, traduction de Paul Ferrier, musique de M. Giacomo Puccini.


Un grand opéra, un moyen et trois petits : les deux premiers déjà connus, mais retrouvés avec plaisir, les trois autres nouveaux, voilà le bilan de la rentrée.

C’est une grave et noble figure de musicien, que M. Henri Rabaud. La Fille de Roland fut l’œuvre de sa jeunesse, de son talent déjà robuste, sérieux, et même un peu sévère, alors, — il y a quelque vingt ans, — que le sourire délicieux de Marouf ne l’avait pas encore éclairé. La tragédie lyrique de M. Rabaud a le mérite, avant tout autre, de commencer. Rien n’est moins commun aujourd’hui. « Qu’est-ce qu’une idée ? Avez-vous l’idée d’une idée ? » On a souvent posé, non sans ironie, la question d’Henri Heine à ceux qui se plaignent de certaine musique où les idées leur semblent manquer. Eh bien ! allez voir la Fille de Roland. Arrivez de bonne heure, avant que le rideau se lève, et dès les premières mesures, les toutes premières, vous apprendrez, si vous ne le savez déjà par des exemples sans nombre, ce que c’est qu’une idée musicale, une idée claire, forte, qui s’expose, ou se propose, et s’impose. Celle-là traitée en forme de fugue, donne tout de suite une base solide à l’œuvre qu’elle inaugure. Une autre, de même style, mais d’un esprit différent, vu la diversité des deux