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ils s’appellent le Coudert 4401, le Baco 22, le Gaillard-Girerd 157, le Seibel 4986, le Bertille-Sayve 450 ; d’autres noms d’hybrideurs célèbres encore, les Ravaz, les Castel, les Terras. Si je ne donne pas les numéros de ces derniers, c’est seulement parce que je ne les ai ni expérimentés ni vu expérimenter. Quant à l’étalon attendu, indemne de tout, qui peut-être croit déjà en pépinière, quelque part, nous l’appellerons le Phénix : il naîtra, il s’élèvera sur tant de cendres !...


IX. — L’HYDRIDATION


Octobre 1922.

C’est en somme de la fécondation artificielle... La nature servit d’exemple, elle qui doit assurer la pérennité des espèces, en qui toutes les sélections s’opèrent sous les deux aiguillons éternels, le désir et le plaisir. La vie se perpétue dans la vigne par la fleur. Elle est hermaphrodite, nettement mâle et femelle. L’élément femelle est constitué par le pistil, l’élément mâle par les étamines. Le pistil se divise à son tour en ovaire, en style et en stigmate. Autour s’élèvent les étamines, au nombre de cinq. Chacune se compose d’un filet ou tige, et d’un anthère, au sommet, où est contenue la poussière vivante, le pollen. Les étamines dominent un peu le pistil. Sur le tout est rabattu un capuchon, et l’ensemble est ceint des pétales ou corolle.

Il y a, dans la vigne, le long du pédoncule qui portera plus tard les grains, des étages de fleurs ainsi formées, dont la réunion est appelée grappe : chaque grappe se distribuant à son tour en grappillons. La grappe a la longueur d’un doigt, et l’aspect d’un cône effilé. Que l’on se figure la petitesse des fleurs dans chaque grappillon : c’est un minuscule amas de calices d’où s’élève le plus fin et le plus pénétrant des parfums, comme si la plante précieuse voulait donner par là un avant-goût de la saveur du fruit et de l’arôme du vin.

A la floraison, quand le pistil est prêt à recevoir le pollen, quand les anthères vont se déchirer pour le laisser échapper, les étamines se dressent tout à fait, soulèvent le capuchon qui les couvre, et le font se détacher et choir. C’est en juin, le mois prodigue, le mois des brises molles, des nuits tièdes, des soleils fixes, de la sève étale, où la terre, les flancs pleins, semble gonfler comme la mer. Alors, dans l’atmosphère complice, sous