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de cavalerie, deux d’artillerie, et plus de 500 voitures attelées, telles que canons, caissons, fourgons, équipages de pont, etc… Les étrangers, comme les nationaux, furent étonnamment surpris de voir qu’en si peu de mois, on était parvenu à réorganiser l’armée, à tripler son effectif, à monter la cavalerie et à créer un immense matériel de campagne. Grâce au maréchal Soult, la France avait déjà 400 000 hommes bons à faire la guerre, 600 pièces de canon attelées, et tous les autres services militaires portés à ce degré presque miraculeux de nombre et d’instruction.

L’arrivée du Roi fut saluée par les éclatantes acclamations d’un peuple immense, par une décharge générale de toutes les pièces de canon, par les clairons, les tambours et les musiques de tous les corps formés en bataille sur plusieurs lignes. Lorsque le souverain eut pris place sur une vaste estrade élevée sur un des côtés de ce vaste carré, les colonels ou chefs de corps se rendirent auprès du Roi pour recevoir de ses mains les drapeaux et étendards de leur régiment, qu’ils vinrent faire reconnaître et saluer par leurs subordonnés. Les cris de « Vive le Roi ! » se joignant aux bruyantes batteries des tambours qui battaient aux champs, annoncèrent que les soldats saluaient avec enthousiasme l’insigne national qui devait les guider et les conduire à la victoire.

Cette reconnaissance terminée, le Roi passa successivement devant tous les corps. En arrivant au centre du régiment, il me fit appeler, me remit la croix d’officier de la Légion d’honneur, et me dit qu’il s’estimait très heureux de pouvoir récompenser par une nouvelle distinction mes longs et loyaux services. Cet avancement dans l’ordre me fut très agréable, sans cependant me flatter autant que lorsque je fus nommé simple légionnaire en 1813. Le général Schramm avait eu la complaisance de venir me prévenir et de me complimenter sur ma nomination avant que Sa Majesté me décorât elle-même.

Dans cette journée, je recevais ma troisième décoration et prêtais serment à un sixième drapeau. Le premier, avec un aigle, au Champ de Mars, sous l’Empire ; le deuxième en 1814, aux fleurs de lys, lors du premier retour des Bourbons ; le troisième, tricolore, à l’aigle, pour les Cent jours ; le quatrième blanc, au second retour des Bourbons, donné aux légions départementales en 1816 ; le cinquième en 1821, lorsque les