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NOTES
SUR
L’ITALIE NOUVELLE

IV [1]
NAPLES. — SUR LA ROUTE DU RETOUR


NAPOLI VECCHIA

Quelle animation ! quelle vie : quelle exubérance ! Reste-t-il quelqu’un dans les maisons ? Par cette fin d’après-midi, harmonieuse et douce, toute la ville semble dehors. Il faudrait être haï des hommes et des dieux, pour travailler entre quatre murs, à l’attache, quand le ciel est si bleu, la mer toute dorée, l’air léger, et que l’heure est venue de la flânerie. Flânons. Suivons, comme tout le monde, cette longue via Roma où le flot des Napolitains se déverse ; mêlons-nous à cette foule bariolée ; écoutons ses propos ; divertissons-nous à ses gestes. Car on ne se contente pas, ici, d’exprimer ses sentiments et ses idées : on les gesticule. Un haussement des épaules, un clignement de la paupière, un plissement de la bouche, en disent plus long que de longs discours. Les mains s’agitent, dansent, virevoltent, comme pour une subtile et rapide escrime : elles se rapprochent du corps, s’éloignent, vont adroite, à gauche, descendent, remontent ; les poignets se tournent et se replient ; les doigts s’écartent, se referment, s’assemblent, se contractent ; l’index se détache, le pouce s’élève ; la main gauche vient au

  1. Voyez la Revue des 15 août, 1er octobre et 1er novembre 1922.