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moderne n’avait rien ajouté à ces franchises municipales

Une autre cérémonie nous rassemble dans une petite « hacienda » pour l’inauguration d’un musée Bolivar. Le libérateur eut là son quartier général et on nous montre sa chambre très simple, blanchie à la chaux, les meubles et les étoffes du temps, remis à leur place dans toute la mesure du possible. Bien que la constitution un peu théorique qu’il avait imposée à la fois au Pérou et à la Bolivie ait été rejetée par ces deux États, les générations actuelles lui témoignent une juste reconnaissance. Comme San Martin il est mort en exil, et son fidèle lieutenant Sucre a été fusillé ; mais leurs statues s’élèvent dans toutes les villes importantes de l’Amérique latine.


2 août.

Les fêtes du centenaire se terminent par une grande revue des troupes sur l’hippodrome de San Beatrice, le Longchamp de Lima ; à l’armée péruvienne se joindra, comme le 27 juillet, la Compagnie de débarquement de l’escadre américaine mouillée au Callao. La veille, le ministre de la Guerre, M. Lima Iglesias, me fait demander si j’accepterais de prendre le commandement des troupes ; et j’avoue que je n’ai pas hésité bien longtemps avant d’accepter. L’ordre général qui annonce ma prise de commandement la motive parfaitement : « Etant donné que le général Mangin est le seul officier général des Puissances amies qui soit en même temps ambassadeur extraordinaire de son pays… » Dans la nuit, les femmes françaises de Lima m’ont confectionné un fanion tricolore qui me suivra dans cette cérémonie et que j’offrirai en parlant à Mme Dejean de la Bâtie. J’arrive sur le terrain assez à temps pour inspecter les troupes au pas, afin de les bien voir : elles sont très belles. Puis je me porte à la rencontre du Président de la République devant les tribunes dont l’enthousiasme est indescriptible. Après la revue que nous passons ensemble a lieu le défilé, qui donne lieu à de vives manifestations. Nos marins sont applaudis entre tous. Mais l’accueil que ce peuple fait à son armée indique bien ses sentiments pour elle ; c’est une foule en grande majorité d’origine espagnole qui acclame les troupes dont les Indiens forment le fond : les deux races se fondent dans l’armée, creuset de la nation, symbole de son unité et aussi bouclier de sa défense. Quand le dernier régiment a défilé,