Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 12.djvu/493

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

amitié réciproque ; et nous sommes l’un et l’autre plus émus que nous ne voudrions le laisser paraître.

Mais voici les douze danseuses en biscuit de Sèvres que le Président Millerand m’a chargé de remettre à son « cher et grand ami » du Pérou, et leur gracieuse apparition fait une utile diversion.

Je présente ensuite les membres de l’Ambassade et nous nous entretenons des fêtes qui commencent, des liens héréditaires qui unissent nos deux pays, et de quelques épisodes de la guerre. Notre retour s’accompagne du même cérémonial qu’à l’arrivée.

Le soir, nous sommes conviés à un banquet par la colonie française de Lima. Son président, M. Tarade, est un lieutenant de vaisseau de réserve, mutilé de guerre. C’est lui qui dirige au Callao l’entreprise du port ; il a créé en même temps des ateliers importants et une « Société française industrielle et commerciale au Pérou, » qui étend ses opérations à tous les échanges entre les deux pays, importation de marchandises françaises et exportation des produits péruviens. M. Tarade apporte dans ces tâches multiples l’activité, l’énergie, la décision et la conscience de l’officier combattant ; son intelligence claire et son esprit d’organisation en font un vrai capitaine d’industrie. Il a créé un centre de renseignements qui va puissamment servir les relations commerciales entre les deux pays. Parallèlement, M. Michel Fort, ingénieur français, organise un « bureau technique » qui rendra de grands services à notre industrie. Ces organes sont d’autant plus indispensables que notre légation et nos consulats sont déplorablement pauvres en personnel ; notre ministre en particulier n’a même pas un secrétaire capable de déchiffrer une dépêche et fait tout par lui-même — je l’ai constaté de mes yeux — et cette lamentable pénurie contraste avec le luxe de personnel des autres légations étrangères. Notre colonie contient des éléments excellents. Nos grands magasins parisiens ont à Lima des représentants avisés, qui recueillent les observations de la clientèle et assurent l’arrivée des commandes ; ceux qui ont en outre une petite succursale attirent une clientèle croissante, et cette annexe est à recommander. Une bonne librairie donne satisfaction au besoin de livres français. Enfin, un certain nombre de négociants détaillent quelques-uns de nos produits. Mais les transports et le crédit sont à organiser, aussi bien que