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REVUE DRAMATIQUE


Comédie-Française : le Chevalier de Colomb, drame en trois actes, en vers, par M. François Porché.


Il y a longtemps que le théâtre ne nous avait offert une pareille fête. Il y a exactement vingt-cinq ans, si l’on songe à Cyrano de Bergerac jetant, au milieu des brumes du Nord et des parlers étrangers qui nous envahissaient, sa note de pure tradition française. Il y en a tout près de cinquante, si l’on remonte jusqu’à cette soirée où la Fille de Roland rapporta au pays, durement éprouvé, le sens de ses destinées historiques. C’est à ces pièces que s’apparente le Chevalier de Colomb. Comme elles, il est un hymne à l’idéal. Comme elles, il sonne le ralliement. C’est une de ces œuvres qu’une heureuse fortune, où on ne saurait voir une simple rencontre du hasard, fait naitre au moment où elles étaient attendues. Depuis la tourmente qui a emporté tant de formules soudain discréditées, nous attendons un théâtre sur lequel ait passé le souffle purificateur de la grande épreuve. J’en ai senti le premier frisson en écoutant cette pièce, qui n’est pas une pièce de guerre, mais où l’ambiance de la guerre est partout.

Ce fut certes un grand idéaliste, celui qui, sans autre ambition que de réaliser l’idée conçue par son génie, avec les pauvres moyens dont la science d’alors armait les navigateurs, partit à la recherche des terres nouvelles que sa divination avait placées de l’autre côté de l’Océan. Un Christophe Colomb brise les bornes du vieux monde ; il égale l’horizon de l’humanité à l’immensité de la nature. Son image, qui plane sur tout le premier acte de la pièce, lui donne un beau caractère de grandeur : l’idée de l’aventure, de l’élargissement, de la découverte, est l’âme de cet acte et sa respiration.

Don Vincent de Garrovillas était sur la Marie Galante quand partirent