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l’espèce, — il affirme d’abord qu’il est impossible d’obtenir des moules semblables à ceux qu’on a recueillis en plongeant dans la paraffine des moulages durs et consistants (par exemple en plâtre) de membres humains.

Nous le croyons volontiers, car le retrait de ces pièces indéformables briserait le léger moule de paraffine formé autour d’elle. Il est d’autre part, affirme le docteur Geley, impossible d’obtenir des moules analogues à ceux qui font l’objet de la discussion, en trempant dans la paraffine des mains ou membres en caoutchouc souple gonflés d’eau. Par ce procédé, et en vidant le membre en caoutchouc de son eau, on arrive bien, dit-il, à retirer le membre de son moule paraffiné, sans détruire celui-ci. Mais le moule obtenu subit une déformation ridicule et ne ressemble nullement à ce membre réel sur lequel a été fait le modèle en caoutchouc.

Ici encore nous croyons volontiers le docteur Geley. Il est clair, en effet, que sous la pression variable avec la position de l’eau incluse, le caoutchouc par suite de son élasticité subira des déformations hétérogènes et variables.

Un point, c’est tout ! Voilà donc tous les procédés imaginables, aux yeux du directeur de l’Institut métapsychique, pour simuler des moules de paraffine semblables à ceux qu’il a recueillis : un gant en caoutchouc rempli d’eau ou un simulacre dur du membre à imiter ! Hors de ces deux moyens, il n’y a aucun moyen d’essayer de frauder ! Et comme ces deux procédés privilégiés ne donnent rien de bon, force est bien de conclure, n’est-ce pas, que les moulages sont produits par les matérialisations, par les ectoplasmes, par les « produits idéo-plastiques du dynamo-psychisme essentiel de l’être ! » Et voilà pourquoi votre fille est muette.

Eh bien ! je dis que c’est aller un peu vite sur la pente savonnée de la déduction, et on peut être surpris qu’un technicien qui a beaucoup travaillé ces questions n’ait pas trouvé d’autres moyens possibles de fraude que ceux qu’il indique. Il y en a, hélas ! ou du moins heureusement bien d’autres. Il y a celui que M. Lorenzi vient de communiquer au docteur Geley [1], et qui me paraît, d’ailleurs, bien compliqué, et qui utilise un membre en plâtre. Il y a ceux que, dans une très intéressante étude critique de la question [2], a indiqué le docteur Morhardt qui a vainement jusqu’ici sollicité d’apporter à l’Institut métapsychique la démonstration de ce qu’il affirme.

  1. Revue métapsychique, septembre-octobre 1922, p. 312.
  2. Grande Revue, 1922, passim.