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de qui ? Quelles précautions ont été prises pour authentifier et identifier aussitôt, afin de les soustraire à toutes substitutions ultérieures possibles, les moules et les moulages ?

Aucune réponse n’est apportée à toutes ces questions par les longs mémoires qui croient pouvoir cependant affirmer qu’ils apportent la preuve scientifique, contrôlée, définitive, de la réalité des matérialisations ectoplasmiques.

Pour nous, du récit si inutilement détaillé de ces expériences, nous croyons qu’on ne peut tirer que la conclusion suivante : Un certain nombre de personnes (qu’on ne nous désigne pas), sont réunies dans une obscurité à peu près complète avec un médium, dans un local dont rien ne nous prouve qu’il n’est pas lui-même truqué. A un moment donné et sans avoir rien vu, on entend un clapotis dans un baquet de paraffine fondue, puis on trouve un moule de main ou de pied en paraffine mince. De ce fait à la conclusion que le docteur Geley se croit autorisé à en tirer, il y a une certaine distance qu’il est permis de ne pas franchir d’un seul trait.

On nous affirme et on s’efforce de nous démontrer que le moule de paraffine, qui est ainsi « déposé » et recueilli, n’a pas été apporté de l’extérieur. C’est possible, mais on ne nous le prouve pas d’une manière qui lève tout doute. On nous dit que le médium est contrôlé, et que « le contrôle du médium consiste essentiellement dans la tenue de ses deux mains. » (Mais d’abord, ces mains sont tenues par des expérimentateurs différents, et il est prouvé depuis longtemps que, pour les prestidigitateurs habiles, c’est l’enfance de l’art, dans les longues séances obscures, de dégager, sans qu’on s’en aperçoive, l’une ou l’autre de ses mains, de celles des contrôleurs.

Mais admettons que le médium Kluski ait réellement eu sans cesse ses deux mains solidement tenues, et même ses pieds (dont les médiums savent user aussi très adroitement). Cela empêche-t-il qu’un des assistants ait apporté dans sa poche les moules de paraffine recueillis ? Cela empêche-t-il que dans la pièce truquée (comme il est facile de truquer une pièce !) un compère ait apporté durant la longue, séance obscure ce qu’on trouve ensuite ?

Le Dr Geley nous assure que tous les doutes doivent être levés à cet égard, parce que dans une, et même dans deux séances, il avait au préalable incorporé à la paraffine du baquet une matière colorante décelable après coup, par une réaction chimique, et qui a prouvé que les moules recueillis étaient nécessairement faits de la paraffine du baquet, c’est-à-dire avaient été faits pendant la séance. Or, seul