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difficiles à résoudre, puisqu’aussi bien, répétons-le, nous sommes dans un domaine insolite et que nous ne voulons tirer argument ni de l’invraisemblance des phénomènes, ni de leur puérilité.

L’ectoplasme, nous dit-on, « se dématérialise, puis abandonne le gant de paraffine aux expérimentateurs... celui-ci est déposé généralement contre la main d’un des contrôleurs. » Puisque le gant paraffiné ne tombe pas, ce qui le briserait, il faut donc que la dématérialisation ne se produise que lorsque le gant est au contact de la main de l’expérimentateur qui le reçoit. Pourquoi cette main d’expérimentateur n’a-t-elle jamais eu la curiosité de saisir vigoureusement et immédiatement l’ectoplasme non encore dématérialisé que recouvrait ce gant fragile ? Que voilà donc une discrétion fâcheuse pour notre soif de savoir !

Pourquoi dans ce récit d’expériences qui veut avoir les allures d’un procès-verbal scientifique, ne donne-t-on pas la température de fusion de la paraffine employée (qui est variable d’une paraffine à l’autre) et qui permettrait de vérifier le temps nécessaire au refroidissement de cette substance à l’air sous une épaisseur donnée ?

Pourquoi dans le récit circonstancié des expériences ne donne-t-on ni les heures, ni les durées des séances ? Pourquoi n’indique-t-on pas le nombre et les noms des expérimentateurs qui faisaient la chaîne ? Pourquoi ne nous dit-on pas si ces expérimentateurs ont été ou non tous sans exception soigneusement fouillés et visités avant et après la séance, et par qui ?

Comment se fait-il que « le peu de lumière ne permettait pas d’observer de visu le phénomène. » Les ectoplasmes qu’on nous a décrits antérieurement — alors qu’on ne songeait pas encore à les mouler — étaient visibles avec peu de lumière, et la lumière même était, nous a-t-on dit, défavorable à leur formation.

Comment se fait-il que du jour où ils se laissent mouler les ectoplasmes ne se laissent plus voir ? Puisqu’ils sont si dociles et qu’ils tiennent tant à manifester leur réalité, pourquoi ne cumulent-ils pas à la fois la visibilité et la faculté d’être moulé ? Les incrédules, ou du moins ceux qui voudraient être convaincus, ne seront-ils pas fondés à penser que c’est parce qu’il y aurait peut-être quelque inconvénient à voir ce qu’on entend plonger dans le baquet à paraffine ?

On nous donne les photographies des moulages en plâtre, faits ultérieurement avec les moules en paraffine « déposés » pendant les séances. Quelle garantie avons-nous, que ces moulages ont réellement été faits avec ces moules ? Qui a fait ces moulages ? En présence