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« Rappelons, dit le Dr Geley, en quoi consistent les moulages de paraffine. Un baquet contient de la paraffine fondue flottant sur de l’eau chaude. Il est placé près du médium pendant les séances. L’« entité » matérialisée est priée de plonger une main, un pied ou même une partie de son visage, à plusieurs reprises, dans la paraffine. Il se forme presque instantanément un moule exactement appliqué sur le membre. Ce moule durcit rapidement à l’air. Puis la partie organique en jeu se dématérialise et abandonne le gant aux expérimentateurs. Plus tard, il est loisible de couler du plâtre dans ce gant, puis de se débarrasser de la paraffine en plongeant le tout dans de l’eau bouillante. Il reste alors un plâtre reproduisant tous les détails de la partie matérialisée.

« Les expérimentateurs faisaient la chaîne autour de la table et deux contrôleurs tenaient l’un la main droite, l’autre la main gauche de Franck. Une très faible lumière rouge laissait voir la silhouette, toujours immobile, du médium...

« Les moulages se formaient sur demande, pendant la séance.

« Le peu de lumière ne permettait pas d’observer de visu le phénomène <ref> C’est moi qui souligne. — Ch. N. </ref> ; on en était averti par le bruit de brassement du liquide... Après l’opération, le gant de paraffine encore chaud, mais déjà solide, était déposé, généralement contre la main d’un des contrôleurs. »

J’ai cité l’essentiel. Suit la description des diverses séances au cours desquelles plusieurs moules de mains et de pieds ont été obtenus. Suit la discussion que fait le Dr Geley de ces résultats et les conclusions qu’il en tire.

Avant de discuter cette discussion et ces conclusions, quelques petites remarques préliminaires s’imposent.

Certains s’étonneront de la docilité de ces ectoplasmes qui, sur la prière qu’on leur en fait, viennent se plonger dans un bain de paraffine afin de manifester leur identité, tout comme ces individus conduits à l’anthropométrie et qui posent leur empreinte digitale sur la feuille ad hoc. A l’anthropométrie, le prévenu a, pour l’y contraindre, la force publique. Mais pourquoi les « entités ectoplasmiques » qui sont, on nous l’a dit, des êtres indépendants de la volonté consciente du médium éprouvent-ils le besoin d’obéir ainsi à la première objurgation ? Est-ce parce qu’elles tiennent à prouver la réalité de leur existence ? Mais elles auraient alors tant d’autres moyens infiniment plus démonstratifs de le faire ! Laissons là ces questions