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et B pendant plusieurs années. Le problème consiste à obliger les particuliers qui disposent de ces ressources à les mettre à la disposition du gouvernement du Reich. Mais ce n’est pas là le seul moyen que nos ex-ennemis aient de se libérer vis-à-vis des Alliés. Cessons de nous laisser égarer par ce soi-disant axiome qu’un pays ne peut s’acquitter qu’au moyen de réserves préalablement accumulées au dehors. Tout d’abord, le débiteur peut se procurer ces réserves par l’émission d’un emprunt, qui a précisément pour effet de mettre à sa disposition immédiate des sommes dont il n’aura qu’à payer l’intérêt et l’amortissement au cours d’une période plus ou moins longue.

Ce n’est pas la seule réponse à ce sophisme. L’erreur fondamentale commise depuis quatre ans par les professeurs et les banquiers qui ont étudié le problème des réparations a été de croire indispensable que le pays débiteur transfère immédiatement à ses créanciers, par delà ses frontières, le montant qu’il leur doit. Il peut leur remettre en paiement une partie de sa fortune nationale, consistant en immeubles, en entreprises industrielles, bancaires, commerciales, dont les créanciers deviendront propriétaires et verront leur patrimoine s’accroître, sans qu’il soit nécessaire de rapatrier incontinent cet actif. Ce sera une façon, pour le pays créancier, d’augmenter ses placements étrangers : il en fera ensuite revenir chez lui, au fur et à mesure de leur échéance, les coupons d’intérêt ou de dividende.

Peu à peu des rentrées de capital deviendront elles-mêmes possibles. Nous envisageons ici la combinaison qui a déjà été examinée au cours des dernières années, sans aboutir à un projet précis. Le Gouvernement allemand imposerait à toutes les entreprises indigènes l’obligation d’augmenter leur capital dans une proportion déterminée, par exemple de 25 pour 100. Les actions ou parts d’intérêt représentant ces 25 pour 100 seraient remises aux Alliés créditeurs : l’évaluation de cette dation en paiement se ferait aisément pour les valeurs cotées : quant aux titres non cotés, les derniers bilans serviraient de base de calcul.

On rencontrerait plus d’obstacles en ce qui concerne les exploitations privées : ils ne sont pas insurmontables. L’augmentation de capital des sociétés par actions serait considérée comme un impôt, dont l’équivalent serait exigé des entreprises