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Il admet que beaucoup de ses nationaux possèdent à l’étranger des avoirs importants qu’ils devraient vendre à leur Gouvernement, lequel les remettrait à la Commission des réparations. M. Mac Kenna les estime à 1 milliard de dollars et n’admet pas que, d’ici à plusieurs années, l’Allemagne puisse donner davantage. Nous croyons, quant à nous, que le chiffre indiqué est trop faible de moitié et que c’est au moins 2 milliards de dollars que les Allemands possèdent à l’étranger.

« Un pays, affirme l’orateur, ne peut payer une dette extérieure qu’au moyen d’un actif accumulé hors de ses frontières. La seule nation européenne qui soit aujourd’hui dans ce cas est la Grande-Bretagne, qui a de quoi couvrir deux ou trois fois sa dette vis-à-vis des Etats-Unis, en dépit des fortes ventes de valeurs étrangères auxquelles elle a déjà procédé au cours de la seconde et de la troisième année de guerre. Ni la France ni l’Italie n’ont de réserves semblables.

« La France, durant la guerre, a importé énormément ; elle a payé de hauts prix pour les fournitures militaires. Elle s’est, de ce chef, endettée de deux milliards et demi de dollars vis-à-vis de l’Angleterre. Elle ne remboursera cette somme qu’en exportant des marchandises. Sa dette dépasse les ressources qu’elle tire de son commerce extérieur normal. Elle ne pourrait l’acquitter sans délai que si l’Angleterre venait à être engagée dans une guerre à laquelle la France ne prendrait pas part : la France pourrait alors vendre à sa voisine un excédent de marchandises comparable à celui qu’elle a importé elle-même de 1914 à 1920.

« Depuis deux siècles, une partie du capital britannique a été prêtée au dehors. Chaque année, l’Angleterre produisait plus qu’elle ne consommait ; elle ne pouvait placer son excédent de production qu’en donnant de longs crédits aux acheteurs. Des emprunts exotiques, des émissions étrangères de toute sorte ont été souscrits à Londres : le montant en a servi aux pays importateurs à acheter la production du Royaume-Uni non consommée à l’intérieur. Les manufactures anglaises ne continuaient à travailler à plein qu’à condition que cet excédent fût employé de la façon qui vient d’être expliquée. Les débiteurs de l’Angleterre n’ont été à même de la payer que parce qu’ils lui ont vendu de nouveaux titres d’emprunt. Chaque année, l’Angleterre a fourni, sous forme d’acquisition de rentes, d’actions ou d’obligations,