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DANS
LA CHINE D’AUJOURD’HUI
(JUIN-DÉCEMBRE 1920)

II [1]
A PÉKIN ET AUTOUR DE PÉKIN


CHEZ LES MARCHANDS D’OBJETS D’ART

La chaleur est un peu moins forte, allons ce soir chez les marchands d’objets d’art, ou, comme on dit ici, de curios. Les plus importants tiennent tout un quartier. Ils saluent, sourient quand on entre, et laissent le visiteur démontrer lui-même son goût par les choix qu’il fait. S’ils ont des objets plus rares, ils les tiennent en réserve et ne les découvrent qu’à bon escient.

Le marchand nous mène à son arrière-boutique. Je m’arrête un instant dans la cour étroite que nous traversons. Il y pousse deux ou trois lauriers-roses, aux branches desquels pendent des cages à grillons. Plusieurs vases de porcelaine sont pleins d’une eau verdie où remuent paresseusement ces merveilleux petits poissons qu’on élève ici avec tant de soins et dont l’aspect répond aux rêves tortueux de l’imagination chinoise. Certains semblent porter des mantelets de velours sur leurs cuirasses de cuivre. D’autres, fastueux et difformes, leurs yeux proéminents cernés de lunettes d’or, traînent d’un air d’ennui des nageoires touffues, longues et flottantes comme des bannières. Tandis que je les admire, le marchand vaguement flatté attend avec un

  1. Voyez la Revue du 15 octobre.