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C’était la quatrième cérémonie de ce genre où j’étais acteur et témoin depuis quelques années : deux à Grenoble pour le Connétable de Lesdiguières et Bayard, et la troisième à Cambrai pour tous les archevêques de cette ville et particulièrement pour les précieux restes de Fénelon, qui furent trouvés sous les parvis de l’ancienne cathédrale quand on voulut en faire une place publique.


MON MARIAGE

Le jour même de mon arrivée à Nancy, je fis la rencontre d’un de mes anciens camarades des vélites d’Ecouen, que je n’avais plus revu depuis que j’avais quitté la Garde impériale au commencement de 1808. Ce vélite était capitaine d’infanterie chargé du recrutement du département de la Meurthe. Se faire un joyeux accueil était trop naturel entre deux militaires qui avaient vécu de la même vie pendant plus de trois années. Présenté par lui dès le lendemain à sa jeune femme et à sa nouvelle famille, je fus accueilli avec cordialité, et traité par la suite comme un ami qu’on était heureux de revoir. Dans le courant de l’hiver, il me proposa d’aller au printemps à Charmes, petite ville des Vosges, pour faire connaissance de sa grand-mère par sa femme. Je ne pensais guère alors que ce petit voyage, dans un pays qui m’était aussi inconnu que la personne que j’allais voir, et fait autant par complaisance que par goût, me donnerait une épouse, que mon ami deviendrait mon cousin, sa belle-mère ma tante, et que sa grand-mère serait aussi la mienne au même titre. C’est ainsi que souvent les choses les plus futiles deviennent, par l’effet du hasard, des événements très importants dans la vie, et qu’on s’engage dans des affaires desquelles on se serait éloigné peut-être, si on avait pu les prévoir.

14 avril. — La veille de Pâques de cette année 1827, j’arrivai donc chez ma future grand-mère qui m’accueillit parfaitement. Je le fus de même par ses enfants et ses petits-enfants qui habitaient cette ville, c’est à dire poliment, aucun motif ne devant les engager à faire plus, puisque j’étais étranger pour eux, et sans rapprochement de position. Cependant une circonstance bizarre fit que je fus un peu considéré comme étant de la famille, c’est que deux enfants, frères des personnes près desquelles je me trouvais , avaient été vélites. Le frère d’un de ces vélites avait une jeune fille, dont les bonnes manières, l’agrément et un âge