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vaste, une de leurs branches reste dans la Comté, y essaime, s’y distingue ; on y trouve un doyen du chapitre de Besançon, député, en 1431, au grand Concile de Bâle. L’autre branche s’établit en Charolais, pays agricole, que l’élevage enrichit ; pays frontière, qu’endurcit le danger de la faction perpétuelle aux confins de la France, indécis de ce côté. Les Mochet y « apparaissent, » en 1484, au village d’Azu, petit fief noble qu’ils ont d’abord à ferme, mais dont, soixante-dix ans après, ils sont propriétaires. Mochet du Charolais comme ceux de la Comté ont de bonne heure de belles alliances : les uns s’unissent aux Saulx, aux Rigny, aux Damas, aux Perrenot de Granvelle ; les autres, que l’on trouve partout en Bourgogne, à Communy, à Vauzelle, à la Balaze, à Chateau-Rouillaud, s’apparentent à de très vieilles familles déjà connues : les Nettancourt d’Haussonville, les Jouffroy d’Abbans, les Harlay de Beaumont. Ils sont dans les charges administratives ou judiciaires des lieux qu’ils habitent : l’un, juge-enquêteur à Saint-Romain-sous-Gourdon, l’autre lieutenant-colonel du bailliage à Saint-Jean-de-Losne, l’autre procureur du Roi au grenier à sel d’Auxonne. Mais on relève aussi parmi eux nombre de militaires de tous grades : un capitaine de cette petite ville de Seurre où alors les Bossuet habitaient ; un « prévôt général des maréchaussées de France en Bourgogne, Bresse et Bugey ; » trois chevaliers de Saint-Georges ; tous ces soldats au cours seulement du XVIe siècle.

Mais alors la guerre n’est pas seulement le service au dehors : elle est aussi, et partout, en France. Tous, donc, même quand ils ne sont pas, de profession, militaires, échangent, quand il le faut, et il le faut souvent, contre le mousquet et l’épée, leur pourpoint ou leur robe.

Tel Claude Mochet, père de Marguerite, avocat au Parlement de Dijon (1). Il fait partie de cette minorité de magistrats royalistes de Bourgogne qui, comme Jacques, l’autre grand père de Jacques Bénigne, combattent la Ligue, de bon cœur. Envoyé par ses amis en Suisse et en Allemagne, il en ramène 500 reîtres et 200 lansquenets et en rapporte 40 000 écus. Il se bat à Arques. Il est tour à tour juge à la Chambre des Comptes de Semur et commandant du fort de Losne. La paix conclue, il rentre au barreau : « lumière » juridique, grande voix aussi. En 1600, il est « l’un des Trois Conseils des Etats de Bourgogne ; » en 1614,