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dans quelle mesure on peut répondre aux questions relatives soit aux hérédités, dont le génie et le caractère de Bossuet ont dû, pour une grande partie, résulter, soit aux influences qui durent s’exercer efficacement sur lui.


I. — CE QUE L’ON SAIT DU MILIEU FAMILIAL DE BOSSUET

De ces divers éléments formateurs, le plus utile à évaluer sans doute serait la famille immédiate : les ascendants directs et les collatéraux du premier degré. Sainte-Beuve croyait que « l’on retrouve à coup sûr l’homme supérieur, du moins en partie, dans ses parents, dans sa mère surtout, dans ses sœurs aussi, dans ses frères [1]. »

La mère de Bossuet nous est pour autant dire inconnue. « Damoiselle Marguerite Mochet, » qui en 1618, à Saint-Jean de Dijon, épouse Me Bénigne Bossuet, « avocat au Parlement de Bourgogne, » mariage dont Jacques Bénigne naquit, septième enfant, le 27 septembre 1627, était fille de « noble Claude Mochet, avocat audit Parlement, et de damoiselle Anne Humbert. » Une de ses sœurs fut dominicaine ; deux se marièrent dans la robe. La date de sa mort est ignorée. En dehors de l’acte de son mariage, de l’acte de naissance de Jacques Bénigne et du contrat par lequel, en 1644, fixée désormais à Metz, elle cède à ses quatre belles-sœurs ses droits sur divers biens situés en Bourgogne, un seul papier la concernant existe : une pièce comptable signée d’elle à Toul, en décembre 1644, et montrant qu’alors elle fut chargée, avec une autre femme de magistrat, de distribuer les aumônes du Parlement. D’où il n’y a point lieu de présumer, comme on l’a fait, qu’elle fût particulièrement charitable, à moins de l’affirmer aussi de sa co-signataire, « Mme l’avocate générale Fremyn. » Il ne convient pas davantage de lui prêter une dévotion insigne parce qu’elle aurait fait, sitôt après ses relevailles en 1627, un pèlerinage au sanctuaire, voisin de Dijon, de Notre-Dame d’Etang pour y consacrer ou

  1. Sainte-Beuve, art. de 1862 sur Chateaubriand (Nouveaux lundis), t. III.