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exactes. Peut-être même sommes-nous, et moi en particulier, trop sous le coup de la politique pour juger sainement de cette haute philosophie : n’est-elle pas un peu éclectique ? N’y a-t-il pas des tendances souvent opposées ? Je sais bien que, quand il s’agit de l’humanité, même d’un pays, on ne peut être logique comme en mathématiques, mais c’est pour cela qu’il m’a fallu beaucoup de réflexion pour me permettre d’avoir une opinion. Il faut non seulement comprendre ce que vous dites, mais en tirer les conséquences et compléter ce que vous ne faites qu’indiquer dans un cadre restreint. La philosophie indique les remèdes vrais, la politique les remèdes relatifs, c’est-à-dire possibles. Vous le reconnaissez vous-même dans quelques-unes de vos belles pages qui semblent se réfuter. — Sur beaucoup de points, nous sommes d’accord ; sur d’autres, il me faudrait des explications. Ne voyez dans ces quelques lignes, non une présomptueuse critique, mais la preuve des aperçus que votre travail m’a ouverts, et des réflexions qu’il m’a fait faire. Quand pourrons-nous avoir de ces intéressantes et utiles conversations qui m’ont inspiré pour vous une si vive amitié ? Vous passerez probablement votre hiver à Paris, et moi en Italie, peut-être à Rome ou à Naples, où j’irai vers le mois de janvier. Je suis très désireux d’avoir la fin de votre étude ; répondez-moi à Prangins d’où on me fera parvenir votre lettre.

Je crois qu’a la réunion de l’Assemblée, nous aurons du nouveau, peut-être une crise qui se traduira par le remplacement du provisoire actuel, par un autre provisoire ; je m’attends à des mesures d’exil, de proscription pour nous, mais cela ne me préoccupe pas ; ce sont de petits incidents dans le grand drame qui se déroule ! Je vous serre la main, mon cher monsieur Renan, et vous renouvelle l’expression de toute ma vive amitié.

NAPOLEON (JERÔME).

Je vous envoie une adresse à mes électeurs que j’ai publiée à la suite d’affaires que j’ai eues en Corse, au Conseil général. Je ne demande le plébiscite que comme la seule base qui puisse nous servir d’abri et soutenir un peu notre pauvre société aujourd’hui ; je suis aussi édifié que qui que ce soit sur ses défauts. Mais c’est encore ce qu’il y a de mieux, ou de moins mauvais. Pour le moment, je ne vois pas d’autre base