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votre conférence sur : Qu’est-ce qu’une nation ? [1] Je me souviens combien elle m’a frappé. Je la relirai avec plaisir dans une plus fâcheuse situation pour moi, mais avec la même estime et admiration pour l’auteur. Mes amitiés à Mme Renan, et recevez l’assurance de tous mes meilleurs sentiments.

Votre affectionné.


A S. A. I. le prince Napoléon.


Paris, 1er juin 1888.

Monseigneur,

Je me permets de vous adresser un tirage à part d’un article de notre Histoire littéraire, où j’ai cherché à faire revivre un pauvre homme d’il y a six cents ans, qui s’évertua à trouver quelques mots de vérité et ne réussit que très imparfaitement [2]. J’avais espéré un moment que je pourrais, en ce mois de juin, présenter mes devoirs à Votre Altesse. Si ma santé me l’avait permis, je serais allé représenter le Collège de France au Centenaire de l’Université de Bologne, et sûrement, j’aurais fait tous mes efforts pour joindre quelque part Votre Altesse, et lui demander la faveur d’un de ces entretiens sur les choses divines et humaines qui m’étaient si chers autrefois. Il m’est resté, de toutes mes épreuves de l’hiver, un grand fond de fatigue ; je n’aurais pu faire face à toutes ces cérémonies de gala.

Je ne renonce cependant pas à l’espoir de voir encore l’Italie et Votre Altesse. A quelque mois d’octobre, j’irai chercher, au delà des monts, un peu de ce soleil que la Bretagne me dispense avec parcimonie, et alors, si Votre Altesse veut me le permettre, je goûterai, en dépit de ces tristes lois d’exil, le. plaisir que j’avais autrefois de m’entretenir avec un des premiers esprits de mon siècle. Votre supériorité, Monseigneur, doit vous consoler des tristesses du temps présent.

Veuillez agréer, Monseigneur, l’assurance de mes sentiments les plus respectueux et les plus affectueusement dévoués.

E. RENAN.

  1. Discours et Conférences, par Ernest Renan. Paris. 1881, in-8.
  2. Le livre des secrets aux philosophes ou dialogues de Placide et Times, par M. Ernest Renan. Extrait de l’Histoire littéraire de la France.