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penseur, un grand écrivain, un noble cœur. Ce n’est pas un amour-propre exagéré qui dicte mes éloges ; l’affection et l’estime que je vous porte m’en donnent le droit : recevez-les comme un témoignage de profonde et sincère amitié, cher monsieur Renan.


Paris, 28 juillet 1880.

Cher monsieur Renan,

Je lis dans un journal de ce matin, une lettre que j’ai écrite à Sainte-Beuve en 1867 [1], sans me rendre compte comment le journal a pu l’insérer sans l’assentiment de M. Calmann-Lévy. Je ne me plains pas de la publication, mais je me plains vivement qu’elle ait été tronquée. J’accepte tout à fait la responsabilité de ce que j’ai écrit, cela prouve que mes opinions n’ont pas été modifiées par les événements, mais je veux que le public puisse juger le document dans son entier, et non coupé par le caprice d’un rédacteur. C’est convenable et de droit. Ayant bien voulu être l’intermédiaire dans cette affaire dont vous m’avez parlé, je compte sur votre obligeance pour prier M. Calmann-Lévy d’exiger la publication intégrale de ma lettre dans le Figaro.

Recevez, mon cher monsieur Renan, l’assurance de toute mon amitié.


A S. A. I. le Prince Napoléon.


Paris, 17 janvier 1883.

Monseigneur,

Je désire que Votre Altesse sache que, dès qu’on pourra approcher d’Elle, son philosophe et ami sera heureux d’aller lui présenter ses devoirs et contribuer à la distraire [2]. Ma politique ressemble un peu à la rhétorique de Chrysippe, que Cicéron déclarait excellente pour apprendre à se taire. Ma politique, à moi, est excellente pour apprendre à ne rien faire.

  1. On trouvera cette lettre de 32 pages d’impression, dans C.-A. Sainte-Beuve. Nouvelle Correspondance, avec des notes de son ancien secrétaire. Paris, Calmann-Lévy, 1880, in-12.
  2. Le prince Napoléon arrêté pour la publication d’un manifeste avait été incarcéré à la Conciergerie (16 janvier 1883). Appendice.