Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 12.djvu/257

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ont été inexactement rapportés par les journaux. Je n’ai pas dit une puérilité comme celle-ci : « La question de la papauté est résolue. » — Je crois l’unité de l’Italie fondée, si elle reste fidèle à la Maison de Savoie ; je ne crois nullement au rétablissement du pouvoir temporel ; mais, plus que jamais, je pense que la papauté quittera l’Italie, et ne se réconciliera pas avec le royaume. L’unité de la catholicité me semble de plus en plus menacée, et la faute en sera attribuée, dans l’histoire, à l’immense orgueil du pape Pie IX.

Comment remercierai-je Votre Altesse des bontés qu’Elle a eues pour nous à Prangins ? Ma femme a été particulièrement heureuse qu’il lui ait été donné d’admirer de près les hautes vertus, la force d’âme, la sérénité chrétienne de Mme la princesse Clotilde. Permettez-moi, Monseigneur, de présenter à la Princesse et à Votre Altesse, l’expression des sentiments du plus profond respect.

E. RENAN.

M. Hébert me charge de vous offrir l’assurance de ses sentiments les plus dévoués. L’affection de la princesse Julie vous est si connue que je craindrais de ne vous rien apprendre, en vous disant quel a été le fond de tous nos entretiens.


A Ernest Renan.


Prangins, le 17 novembre 1872.

Quel charmant dessin d’Hébert, en tête de votre aimable lettre, mon cher M. Renan ! Ce n’est plus seulement dans mes archives, que je mettrai vos lettres, mais parmi mes objets d’art ; il est vrai qu’ils ne sont plus nombreux, depuis l’incendie de la Commune [1] !

Vous avez bien deviné qu’en allant en France, je ne voulais pas y rester ; mais j’ai voulu éclaircir ma position, savoir si, oui ou non, j’étais exilé, en avoir les bénéfices en même temps que les inconvénients, ne pas rester dans une fausse position ;

  1. Les objets d’art réunis par le Prince, les collections rapportées de ses voyages les précieuses bibliothèques, ses portraits de famille ont été en grande partie détruits lors de l’incendie du Palais-Royal. Le séquestre avait été apposé par ordre de M. Thiers, bien qu’aucune réclamation n’eût été formulée ; le Prince payait en effet chaque jour la dépense de toute la maison.