11 février 1872.
J’ai bien tardé, mon cher monsieur Renan, à répondre à votre lettre de décembre. J’ai reçu et relu votre livre qui m’est parvenu par Lévy. Un voyage que j’ai fait à Londres et une maladie assez longue motivent mon long silence ! Je suis presque humilié pour notre pauvre pays de pronostics si désolants à faire ! Je vois des abîmes de tous côtés, et l’appel au peuple avec un gouvernement très fort, peu libéral, comme dernière ressource, tel un médecin qui ne voit pour son malade qu’une opération césarienne comme seul remède ! C’est absolument triste. La maladie est affreuse, le remède assez triste aussi.
Un de mes amis de Paris m’écrit qu’ayant appris que j’avais l’intention de passer deux ou trois semaines à Rome, à la fin de ce mois, vous aviez dit : « Il ne devrait pas se rendre à Rome en ce moment, il y a beaucoup de raisons pour cela. »