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Chronique 31 octobre 1922

CHRONIQUE DE LA QUINZAINE


La paix paraît assurée dans le Proche Orient ; mais il est certain que l’Europe a été à deux doigts d’une nouvelle guerre qui, vraisemblablement, ne serait pas restée localisée aux alentours du Bosphore. Lorsque le général Ismet pacha, délégué du gouvernement d’Angora, prit contact à Moudania avec les généraux Harington, Charpy et Mombelli, il fut surpris de s’entendre dicter des conditions quelque peu différentes de celles qui avaient été débattues, dans les conversations de Smyrne, entre Moustapha Kemal et M. Franklin-Bouillon. Le général Harington, quand il revint, le 10, de Constantinople à Moudania, était porteur d’un ultimatum qu’il se disposait à remettre au représentant d’Angora si les Conditions des Alliés n’avaient pas été acceptées ; cette journée devait donc décider de la paix ou de la guerre, et le général anglais, tout en travaillant de tout son cœur à la paix, restait persuadé qu’on allait à la guerre. Mais l’accord de la Grande-Bretagne, de l’Italie et de la France, affirmé et précisé à Paris le 7, produisit en Orient les heureux effets qu’il ne manque jamais d’entraîner dès qu’il apparaît sincère, solide et durable. Ismet pacha, s’adressant au général Harington, s’enquit « si c’était bien là son dernier mot » et, sur sa réponse affirmative, il céda ; la convention d’armistice fut signée le 11 à 6 heures 30 du matin.

Aux termes de cette convention, l’armée hellénique doit se retirer, dans un délai de quinze jours, sur la rive droite de la Maritza ; des forces alliées occuperont cette même rive droite, y compris Karagatch (gare d’Andrinople), jusqu’à la conclusion de la paix ; la Thrace orientale sera remise aux Turcs, par les soins des Alliés dans un délai de trente jours après l’évacuation par les Grecs. Environ sept bataillons alliés seront répartis, les Français à Andrinople, Kirk- Kilissé, Lulé-Bourgas, les Italiens à Tchorlou, les Anglais à Rodosto, Kechan, Ouzoun-Keupru. Les Turcs n’enverront en Thrace que 8 000 hommes de gendarmerie ; leurs troupes devront rester en Asie,