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« Dieu n’a pas jugé devoir lui faire voir la nouvelle aurore. Mais cette aurore viendra.

« Et la résolution où sera toujours l’Armée volontaire de continuer ses exploits et ses sacrifices jusqu’à la fin, sera comme une couronne de fleurs précieuses sur la tombe toute fraiche du « Récolteur de la Terre Russe. »

Les funérailles d’Alexéïeff à la cathédrale d’Ekaterinodar rassemblèrent une foule immense. Dans la ville il était impossible de trouver ne fût-ce qu’un brin de fleurs : elles étaient toutes sur sa tombe.

Ainsi, dans le Kouban lointain, de même que Korniloff, succomba un grand patriote et martyr russe.

Lorsque notre armée dût quitter Novorossiisk, la veuve du défunt, A. N. Alexéïéva, et la femme de son fils, E. A. Alexéïéva, parvinrent à faire évacuer les cendres du général en Serbie où elles ont été déposées dans une cathédrale.

Le corps du général Korniloff avait été brûlé par une foule démente et dispersé aux quatre vents ; celui d’Alexéïeff a été hospitalisé par la Serbie fraternelle. Nous voulons voir là un symbole. Dans ce dernier exil, le général Alexéïeff, une fois de plus, associait son nom à la cause des Alliés, à laquelle il resta irréductiblement fidèle.

Et nous attendons ! Nous en avons la ferme espérance : cet exil ne sera pas éternel et un jour viendra où nous nous inclinerons devant sa sainte tombe dans notre Moscou.


BORIS SOUVORINE.