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Le dernier paragraphe diffère légèrement du projet que j’avais communiqué à Ollivier.

Dans la première rédaction, je proposais au ministre de consulter le Collège sur la situation. Une telle consultation étant en dehors des usages pratiqués jusqu’ici, je me suis borné, pour la rédaction définitive, à demander qu’on fit faire, conformément aux règlements, les présentations du Collège et de l’Institut.

Veuillez, Monseigneur, agréer l’expression des sentiments respectueux avec lesquels j’ai l’honneur d’être,

De Votre Altesse, le très dévoué serviteur.

E. RENAN.


Projet de lettre.


Paris, 29 janvier 1870.

Monsieur le Ministre,

Je regarde comme un devoir de vous soumettre quelques réflexions qui me sont suggérées par un attachement sincère à des études auxquelles j’ai déjà fait plus d’un sacrifice.

Nommé professeur de langues hébraïque, chaldaïque et syriaque au Collège de France, sur la présentation des professeurs du Collège et de l’Institut, je fis ma première leçon le 23 février 1862. Le 26 du même mois, un arrêté de M. le ministre de l’Instruction publique suspendit le cours. Je n’ai pas à discuter ici cet arrêté, ni à rechercher si la phrase qui y servit d’occasion (phrase calquée presque mot à mot sur un passage de Bossuet [1]), devait légitimement amener une telle conséquence. Cet examen serait inutile à mon argumentation présente. Il me suffit, pour le moment, de faire remarquer que la suspension du 26 février 1862 n’avait nullement le caractère d’une destitution. Des assurances écrites de la main de S. M. l’Empereur, et de celle de M. Rouland, ministre de l’Instruction publique, me faisaient espérer que ladite suspension serait de courte durée.

Cette promesse ne se vérifia pas. Le 2 juin 1864, parut au Moniteur un décret ayant, en ce qui me concernait, deux effets : 1° de transférer à un autre objet les fonds alloués à ma chaire ;

  1. Histoire universelle ; 2* partie, ch. IV.