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avons dit assez pour faire voir la pensée qui a guidé l’auteur et formé la trame de son livre.

Parvenu au XIXe siècle, M. Louis Gillet a pris le sage parti de négliger les « tendances » et les systèmes, de s’attacher beaucoup plus aux œuvres mêmes qu’à l’accablante littérature dont elles furent le prétexte. Il a, sans peine, découvert la trace de la double tradition française dans notre école de peinture, la plus riche et la plus diverse qui fut jamais. Il a pu, pour la sculpture, mener une étude analogue. Il s’est orienté de son mieux parmi les productions incohérentes de l’architecture.

Enfin, il n’a pas hésité à pousser son étude jusqu’à l’année 1922, entreprise peut-être téméraire. S’il s’agit de nos contemporains, tout ce que nous pouvons dire, c’est le plaisir ou l’ennui qu’ils nous ont donné ; cette critique impressionniste est un agréable divertissement. Mais dès que nous voulons déterminer la place que l’un d’eux occupera dans l’histoire de l’art, nous nous exposons à quelques déboires. M. Gillet a vu le risque, et, pour tâcher de s’y soustraire, il a fait les honneurs de son dernier chapitre à un très grand nombre d’artistes. Souhaitons que dans une vingtaine d’années aucun de ces noms ne soit tombé dans l’oubli. Mais, même si cette suprême énumération étonne un peu le lecteur de 1942, M. Gillet n’en aura pas moins élevé à la gloire de l’art français un beau monument, solide et harmonieux.


ANDRÉ HALLAYS.