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UNE NOUVELLE HISTOIRE
DE L’ART FRANÇAIS

Que ce fût en Provence ou en Normandie, en Bourgogne ou dans l’Ile-de-France, dans n’importe quelle province française, qui de nous, à la fin d’une journée de promenade, n’éprouva une sorte d’orgueil filial en se rappelant les chefs-d’œuvre que les hasards de la route venaient de mettre sous ses yeux ? Il est immense, le trésor de notre art, malgré les guerres, les révolutions et les bandes noires : cathédrales et monastères, châteaux et logis bourgeois, pavillons de chasse et fabriques de jardins, cloîtres et calvaires, vitraux et tapisseries, tombes et statues, et tant de rares bibelots conservés dans les armoires de nos églises ou dans les vitrines de nos musées ! Et toutes ces richesses sont si bien d’accord avec nos goûts et nos rêves, elles s’accommodent si harmonieusement à la lumière et aux aspects de notre pays, elles portent si visiblement la marque de leur origine, que nous les sentons nôtres. A la joie que nous donnent tant de beautés diverses, se mêle la fierté d’être les héritiers d’un tel passé. Les chefs-d’œuvre de notre art nous donnent une sûre leçon de patriotisme.

Cette leçon, il faut aller la chercher sur place. Ni les descriptions ni même les reproductions les plus parfaites ne valent la contemplation des œuvres mêmes : les images ne sont bonnes que pour éveiller une curiosité ou réveiller un souvenir. A parcourir la France, pour peu qu’il ait l’œil exercé et l’imagination sensible, chacun comprendra l’extraordinaire diversité du génie français. Mais comment découvrir ses origines, suivre les variations de ses formes et l’admirable continuité de son esprit, sans le secours de l’histoire et de l’archéologie ?