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Ludendorff ne la considère comme possible qu’après toute concession faite par un seul camp, — le nôtre naturellement, — c’est-à-dire après révision en faveur de l’Allemagne du traité de Versailles.

Pour donner plus de poids à son opinion, il ne se borne pas aux paroles, mais passe aux actes ; il opère lui-même en Allemagne et confie à son ancien subordonné, le colonel Bauer, établi à Vienne, le soin de travailler en Europe centrale ; seulement, quand il parle aux Allemands, ses discours, — comme on va le voir, — ne restent pas empreints de la même discrétion que ses confidences à nos journalistes.

Les exemples de l’activité de Ludendorff sont innombrables ; comme il faut se borner, nous ne relaterons ici que les plus caractéristiques ou les moins connus, mais le lecteur ne devra pas oublier que Ludendorff donne de sa personne dans la plupart des manifestations munichoises.

En février 1921, la société « Maréchal Schlieffen » composée d’officiers ayant servi sous les ordres de ce célèbre général, fusionne avec l’ « Association des anciens officiers d’état-major. » Ludendorff préside. Il invite ses auditeurs à poursuivre leurs études militaires en vue du règlement de comptes qui, tôt ou tard, aura lieu avec la France, « ce mauvais génie de l’Europe, cet ennemi héréditaire de l’Allemagne. »

En mai s’organise à Munich une « Journée des aviateurs allemands. » Il s’agit d’honorer la mémoire de ceux qui sont tombés pendant la guerre. Hindenburg et Ludendorff sont présidents d’honneur du comité. Le Journal du soir de Munich, célébrant les fastes de l’aviation, fait précéder son article d’une lettre autographe de Ludendorff : « Le corps de l’aviation allemande a remporté, durant la guerre, de brillantes victoires ; partout il a récolté gloire et honneur ; il a mérité les éloges de son chef suprême, » — l’Empereur, — « ce qui l’engage envers lui pour toujours. Que les anciens aviateurs, et aussi leurs camarades des autres armes, servent la patrie, dans sa détresse actuelle, avec le même courage, la même fidélité et la même énergie que pendant la guerre. » Il réclame, — et il donne l’exemple, — « des actes et non des paroles. » En présence des princes, car ils sont de toutes ces réunions, et, fait plus étrange, devant tous les ministres en exercice, un ancien aviateur dit : « Dans la misère commune, nous devons tous redevenir des camarades... Il nous