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j’avais besoin de raisons nouvelles pour persévérer dans la voie où je marche, vos encouragements, Monseigneur, suffiraient pour m’y attacher.

Je suis avec respect, Monseigneur, de Votre Altesse, le très humble et très obéissant serviteur.

Note du Prince : Serais bien aise de le voir, s’il veut venir vendredi à 1 heure.

27 avril 1865.

 Monseigneur,

J’ai l’honneur d’envoyer à Votre Altesse la note qu’Elle a bien voulu me demander sur les examens de Saint-Cyr.

Je vous remercie d’abord d’avoir cru, sans que j’eusse besoin de vous l’affirmer, que je n’avais pas perdu le sens, et fait des prédications aux candidats ; il va de soi qu’un fonctionnaire, dans un pareil poste, s’interdit toute appréciation personnelle ; j’ai engagé toutes mes paroles d’examinateur, je n’ai réservé que ma liberté d’écrivain.

On me reproche d’avoir interrogé sur Voltaire, Roussoau et Luther. Ces noms sont sur le programme que je n’ai pas fait et que je suis tenu de suivre. A propos de ces personnages j’ai demandé : une courte biographie, la liste des ouvrages, l’abrégé le plus succinct, rien que des faits incontestés ; quant aux autres points, mon questionnaire tout entier a été rédigé, page à page, d’après l’Histoire moderne et l’Histoire du moyen-âge de M. Duruy, ministre de l’Instruction publique, livres classiques et prescrits pour la préparation à Saint-Cyr.

On a dit que plusieurs questions étaient difficiles, et au-dessus de l’intelligence ou de l’instruction des candidats.

Voici ce qui se passe : sur vingt élèves, il y en a deux ou trois fort instruits et fort intelligents ; après les questions simples, l’examinateur passe aux questions moins simples, pousse le jeune homme, tâche de voir s’il sait comparer et raisonner. Nous sommes obligés, pour noter sa valeur, de trouver sa limite, et, là-dessus, les sténographes qu’on nous envoie, les préparateurs d’examens mécaniques qui copient mécaniquement nos questions, concluent que nous exigeons de tous les élèves des réponses que nous demandons seulement à quelques-uns.

L’instruction historique des candidats est en général solide et assez complète ; sur 250 élèves admis, il y en a 120 qui savent