Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 12.djvu/145

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

emportera la certitude que la Bavière est encore aussi fidèle a l’Empire allemand qu’elle le fut à l’heure où elle partit pour la guerre sacrée. » Ruprecht prend à son tour la parole, et il le fait non point à titre d’ancien commandant de groupe d’armées sur le front français, mais « comme chef suprême de l’armée bavaroise. » Dans sa réponse, Hindenburg emploie vis-à-vis des princes toutes les formules de l’ancien régime. Il entend consacrer au service de la patrie jusqu’au dernier jour de sa vie ; il presse chacun de faire son devoir, afin que reviennent des jours meilleurs dont il annonce d’ailleurs le retour. Pour finir, il lance trois « Hoch » en l’honneur de l’armée bavaroise, laquelle, — personne vraiment ne s’en douterait, — a officiellement cessé d’exister en même temps que la monarchie.

La ville, qui est somptueusement pavoisée de drapeaux bavarois et impériaux, n’étale pas une seule bannière républicaine. Le ministère de la Guerre lui-même, tout couvert de blanc et de bleu, n’a pas osé se soustraire à la règle !

Hindenburg est parti pour la Haute-Bavière, mais on peut être sûr que, si cela ne dépend que des monarchistes, il reposera par Munich. L’essai qu’ils ont fait de lui comme instrument de propagande a tellement réussi qu’ils ne voudront pas perdre l’occasion de recommencer.

Telles furent les réceptions réservées par Munich au président Ebert et au maréchal Hindenburg ; l’une fut manifestement antirépublicaine et l’autre notoirement monarchiste.


Naturellement, la haine qu’on porte en Bavière à tout ce qui rappelle la Révolution entraine d’autres conséquences. Si la Révolution a fait la République, celle-ci a signé le « honteux » traité de Versailles. Monarchistes et nationalistes ont donc le devoir de combattre, avec la République, le traité qu’elle s’efforce, soi-disant, d’appliquer et dont elle perpétue la honte ; ils haïssent non moins évidemment la France qui en réclame l’exécution.

La liste serait longue de leurs manifestations, et fastidieuse l’énumération des discours qu’ils y prononcent. Pour la bonne compréhension de la Bavière d’aujourd’hui, il en faut cependant savoir quelque chose. Voici quelques exemples, pour la seule ville de Munich et pour la courte période d’un mois de l’été 1922.