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par Ludendorff ; il en sort au milieu des acclamations frénétiques d’une foule immense. Le lendemain, il se rend d’abord chez les étudiants qu’il exhorte à conserver, « par le moyen de l’instruction militaire, le sentiment de la grandeur et de l’unité allemandes, grâce à quoi la patrie sortira un jour de sa misère et de sa honte présentes. » Il fait visite, non seulement aux autorités, mais encore aux princes Ruprecht et Léopold ; il dépose une couronne sur le tombeau du roi Louis III. Près de la porte de la Victoire, le général von Moehl, commandant de la Reichswehr, lui présente ses troupes dont il fait les dépositaires des traditions militaires d’autrefois et, « si certains Allemands n’étaient pas assez fiers pour se souvenir de leur glorieux passé, la Reichswehr se chargerait de le leur rappeler. » A cette allocution, Hindenburg répond qu’avec l’aide de Dieu, l’Allemagne reprendra bientôt sa place en Europe, à la condition qu’elle observe ses anciens principes de fidélité. Il salue la Reichswehr, aujourd’hui gardienne de l’esprit de l’ancienne armée qui, sous son inspiration, vola de victoire en victoire.

Ceci fait, sous des ovations indescriptibles, le maréchal se rend au Jardin royal où sont rassemblées, avec bien d’autres, toutes les associations d’officiers et d’anciens combattants. Beaucoup de ces hommes ont revêtu l’uniforme, contrairement d’ailleurs aux prescriptions de Berlin ; tous sont rangés autour d’étendards noir, blanc et rouge.

Au musée de l’Armée, l’apparat militaire revêt la forme des cérémonies d’avant 1914. Des généraux, — dont Ludendorff, — tous les ministres, y compris leur président, tous les princes sont présents. En accueillant le maréchal, le général bavarois comte Bothmer, parlant au nom de l’armée « royale » bavaroise, déclare « qu’un jour viendra où, dans un cliquetis d’armes et un fracas de tonnerre, un immense appel préludera à la restauration de l’Allemagne ; » ce jour-là « les Bavarois n’oublieront pas leur vieille devise, In treue fest [1] ; ils seront prêts à mourir pour l’Empereur et le Reich, pour le Roi et la Bavière. » Ses vœux ne vont pas seulement au glorieux chef des armées, mais « au fidèle nautonier qui tint ferme la barre du commandement jusqu’au jour où la trahison terrassa l’armée allemande jusqu’alors invaincue. » De son voyage, « Hindenburg

  1. Inébranlable dans la fidélité.