Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 12.djvu/14

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’esprit de cet éminent écrivain n’eût été, jusqu’ici, un obstacle à sa carrière. Sa nomination serait un acte de politique éclairée, une vraie victoire de l’esprit libéral que nous serions heureux de devoir à Votre Altesse. Elle dépend surtout du général Coffinières, commandant de l’École, et des membres du Conseil de erfectionnement, parmi lesquels je me permettrai de nommer à Votre Altesse, le général Favé, l’amiral Dubruykem, le général Lebaron, le général Picbert, le général Forgeot, MM.  Leverrier, Bommart, Poncelet, Michel Chevalier. Ce dernier est déjà tout acquis à la candidature de M.  Taine.

Excusez, Monseigneur, la liberté que j’ose prendre, et agréez l’expression du profond respect avec lequel j’ai l’honneur d’être de Votre Altesse le très humble et très obéissant serviteur.

De la main du Prince : Quelques mots très aimables pour lui dire que je suis tout sympathique à la nomination de M. Taine, que tout mon appui lui est acquis et que je viens d’écrire très vivement pour lui au général Coffinières, un de mes amis.

Signaler très vivement au général Coffinières.



Nous intercalons ici deux lettres de M. Taine, au prince Napoléon[1] :

26 novembre 1862.

 Monseigneur,

J’ai su par mes amis, M. Michel Chevalier et M. Renan, l’intérêt que Votre Altesse avait bien voulu prendre à ma candidature. Je dois sans doute à leur intervention une partie de cet intérêt ; mais ma gratitude n’en demeure pas moins entière, et je prie Votre Altesse d’en agréer l’expression.

Dans le cours de cette campagne malheureuse, je me suis aperçu que la liberté de mes opinions m’avait nui. Ce n’est pas la première fois, et sans doute ce ne sera pas la dernière. Beaucoup de gens refusent de tolérer une direction indépendante, même lorsqu’elle est, comme la mienne, purement historique et spéculative. Je n’en suis que plus reconnaissant envers les personnes qui veulent bien soutenir, de leur bienveillance, cette liberté et cette loyauté de la recherche, et si

  1. Inédites. Publiées avec L’autorisation de M. Louis Paul-Dubois.