Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 11.djvu/967

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la contrainte nécessaire et suffisante. Les Etats prêteurs sont intéressés au maintien de l’ordre ; pour l’assurer, le Gouvernement autrichien puisera une autorité nouvelle dans le Commissaire général de la Société des nations et dans le Comité de contrôle auquel chacun des quatre Gouvernements anglais, français, italien et tchéco-slovaque aura la faculté de désigner un représentant. Un tel accord pour la reconstitution de l’Autriche et le maintien de son indépendance, emprunte aux circonstances une haute portée politique ; il associe, dans une même pensée d’équilibre européen et de résistance au pangermanisme, l’Angleterre et la France. L’Italie, après quelques difficultés, et après avoir obtenu quelques concessions flatteuses pour son amour-propre, s’est rangée à l’avis de la majorité et associée à sa politique ; une Autriche indépendante ne pourra jamais redevenir un péril pour elle ; une Autriche pangermaniste poursuivrait au delà des monts l’irrédentisme des vallées tyroliennes de langue allemande. L’Europe centrale, sous l’égide de la Société des nations, est en voie de reconstitution économique et politique.

La question du désarmement est particulièrement délicate ; certains pays d’Amérique ou d’Afrique qui n’ont pas l’expérience de l’histoire européenne, ont parfois sur ce sujet de généreuses impatiences qu’il faut apaiser. La délégation française a obtenu deux résultats. Elle a montré, par des chiffres, que la France a réduit son armée dans toute la proportion où le lui permet actuellement le souci de sa sécurité, plus que d’autres États moins menacés qu’elle. En second lieu, elle a fait constater par l’unanimité de l’assemblée, après une brillante et habile intervention de M. de Jouvenel, que la question de la sécurité de la France est liée à celle des réparations et des dettes interalliées qui doivent être résolues dans l’esprit et par les méthodes que préconise la France. D’ailleurs, la Société a limité elle-même dans de justes bornes son droit d’intervention quand il s’agit de réparations, de désarmement, de mandats, de minorités, de négociations en cours ; il a été établi qu’elle ne pourrait intervenir qu’à la demande des États. Ainsi se trouve, une fois de plus, mise en échec la théorie du sur-État.

Si le Conseil n’a pas résolu la question des Lieux-Saints, il l’a du moins acheminée vers une solution que l’on peut espérer proche et heureuse. Lord Balfour a reconnu, avec une loyauté méritoire, que, l’Angleterre jusqu’ici n’avait pas saisi tout l’intérêt « historique et sentimental » que les nations catholiques attachent aux Lieux-Saints. Il a été arrêté en principe qu’une commission chrétienne