- Vaudeville. — L’Avocat, comédie en trois actes, par M. Brieux.
Nul n’ignore que M. Brieux a naguère dénoncé la déformation
professionnelle qui incline le magistrat à voir dans tout prévenu un
coupable. Âpre, ardente, passionnée, cette Robe rouge, qui a bénéficié des trésors de sensibilité accumulés dans l’âme des foules pour
l’erreur judiciaire, est la plus populaire des pièces de M. Brieux.
L’auteur ne se défendait pas d’y soutenir une thèse ; il y était partial
avec générosité et violence. Aujourd’hui, sur cette même scène du
Vaudeville, vingt ans après, il donne à la Robe rouge un pendant qui
pourrait s’appeler la Robe noire. Pièce de la même famille, mais
d’allure fort différente. Cette fois, avec un beau souci d’équité,
M. Brieux s’interdit le parti pris de la thèse ; il soulève une question
et ne nous impose pas la réponse ; il expose un cas de conscience
et le livre à notre réflexion. Pièce d’idées, où l’idée est mêlée à
l’action, incorporée aux faits, où les personnages, non contents de
raisonner dans l’abstrait, font figure d’êtres qui sentent et chez qui
la sensibilité influe sur la raison. Ajoutez que la pièce est faite de
main d’ouvrier, et que l’intérêt de curiosité lui-même y est habilement
ménagé jusqu’à la confession finale. C’est plus qu’il n’en faut pour
expliquer le succès qui vient d’accueillir l’Avocat.
Un crime a été commis. Un certain M. du Coudrais a été tué d’une balle, au coin d’un bois. Comme il avait d’assez mauvaises mœurs, on a cru d’abord que le meurtrier devait être quelque compagnon de débauche. Coup de théâtre : on tire de la rivière le revolver de la victime, que, semble-t-il, seule Mme du Coudrais a pu avoir en sa possession. Elle est inculpée d’assassinat. Un premier avocat a