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du second degré, 404 voix contre 127, témoignèrent d’une réaction générale contre une administration marquée par l’accroissement des impôts, l’élévation du prix de la vie, l’agitation industrielle et des mesures dictatoriales où l’opinion publique avait cru voir souvent l’exercice d’un pouvoir arbitraire.

A ce mouvement de l’opinion, certes, les difficultés de la paix n’étaient pas étrangères. Les Etats-Unis allaient se replier sur eux-mêmes et, pour reconstruire, s’isoler.


LES DIFFICULTÉS ÉCONOMIQUES ET POLITIQUES AUX ÉTATS-UNIS

Ils se trouvaient, en effet, au lendemain de la guerre, devant des problèmes d’une immense difficulté, relatifs à l’organisation de leur vie politique, industrielle et sociale. Tous ces problèmes reparaissaient sous une forme plus aiguë après la contrainte qu’un régime provisoire, issu de circonstances exceptionnelles, avait imposée au cours normal des choses.

Le Président, depuis le 6 avril 1917, avait assumé les grands pouvoirs que le commandement en chef de l’armée et de la marine de guerre confère à l’exécutif dans un pays où celui-ci n’est pas soumis au contrôle du Parlement. Après dix-neuf mois de dictature présidentielle, démobiliser, ce n’était pas seulement, pour les Etats-Unis, rappeler de France les deux millions d’hommes qu’ils y avaient envoyés et les rendre à la vie civile : c’était aussi ramener l’activité de la nation au régime de paix.

Le problème politique ou plutôt administratif était particulièrement compliqué. Jamais les pouvoirs publics ne s’étaient trouvés en relations aussi multipliées ni aussi étroites avec les citoyens. Un grand nombre de services administratifs avaient enlevé à l’initiative et au contrôle privés à peu près toutes les affaires qui se rapportaient plus ou moins directement à la conduite de la guerre. Des millions de gens travaillaient pour le Gouvernement, des millions aussi étaient devenus ses créanciers. Le bureau des risques de guerre avait contracté avec les marins et soldats pour 40 milliards de dollars d’assurances. Dans le Gouvernement lui-même il y avait conflit entre le Président et le Sénat, à propos du traité, entre les républicains et les démocrates. La mainmise de l’Etat avait bouleversé toutes les habitudes et profondément troublé le mécanisme des services publics, si bien organisés par les compagnies commerciales.