Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 11.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nous pourrions continuer encore, pièces en mains, ce long historique de l’oppression financière pendant l’année 1918, noter bien des incidents, soulever de nouvelles indignations. Il nous suffit d’avoir montré, par des chiffres, des faits, des précisions, ce que furent les procédés de l’autorité allemande pour faire payer, par la violence, à toutes nos régions envahies, un montant d’impôts, amendes et contributions qui a été évalué, dans l’ensemble, à 2 milliards et demi de francs. Nous retiendrons notamment que l’Allemagne conquérante s’était placée délibérément au-dessus des lois internationales, des règlements de la Conférence de La Haye et de son propre Code militaire, alors que, cependant, elle ne pouvait invoquer les nécessités de la guerre en campagne, puisqu’il s’agissait d’une occupation de quatre années, scientifiquement organisée.

Une fois de plus, nous constatons donc que l’Allemagne a créé le droit du plus fort et, si nous ne pouvons pas lui appliquer, en 1922, le système de Lille puisque, pour nous, le droit prime la force, et qu’il est convenu qu’aujourd’hui nous sommes en état de paix, nous pouvons au moins remettre les faits sous ses yeux, afin de lui rappeler comment elle sait se faire payer. L’exemple de Lille montre, d’une façon saisissante, les armes forgées par l’Allemagne en vue de tirer des milliards d’une région dévastée : c’est dans cet arsenal qu’elle aurait certainement puisé ses moyens de contrainte pour nous faire régler, jusqu’au dernier centime, les frais de la guerre, si elle avait été victorieuse.


Maurice Lewandowski.