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guerre est affaire de moral. Quand les Boches auront perdu leur dernière illusion, qui consiste à croire que la paix sortira d’une poussée vers Constantinople, leur moral ira rapidement decrescendo. Le tout est de faire coïncider notre effort prochain avec une dépression assez profonde dudit moral pour que tout croule dans le désespoir de retenir la fatalité. Cette régression a commencé incontestablement et le mécontentement prendra en Bocheland des proportions de plus en plus grandes.

J’en suis convaincu, nous aurons ici la victoire écrasante, décisive. Du ministère je ne dis rien, ne connaissant rien en pareille matière. Qu’il continue à maintenir l’excellent moral de l’intérieur, qu’il fabrique des hommes, des canons, des muni- lions, c’est tout ce qu’on lui demande. Quant à Hervé, je n’ai pas lu ses articles, je n’en suis pas curieux d’ailleurs ; il n’est pas difficile de critiquer, de démolir ; quelle est l’œuvre humaine parfaite, sans erreur ni défaut ? Il s’agit uniquement d’avoir la Foi, malgré tout, et de faire pour le mieux. La victoire sera le prix de cette volonté confiante et tenace.


15 novembre 1915.

Je viens de lire le rapport de mon deuxième bureau sur le contrôle de la correspondance. Je suis enchanté du moral des troupes ; nos soldats sont superbes et ils ont un bon sens qui les guide admirablement : « Les Boches en ont assez, nous sommes plus forts qu’eux ; quand on reprendra la poussée, ils seront plus mûrs et alors... mais qu’on ne fasse pas de bêtises dans les Balkans ! » Tout cela est bien jugé. Les correspondances de l’intérieur, celles en provenance de l’étranger sont également excellentes.

Donc, hardi ! Au printemps, les Russes se renforceront, l’armée française sera recomplétée et instruite, les munitions seront kolossales ; d’ici là travaillons le moral boche : blocus rigoureux, difficultés dans les Balkans, attitude de forte confiance dans notre presse, notre gouvernement.


19 novembre 1915

Le bonheur n’est pas de supprimer les désirs et les regrets : ceci ne mène qu’à l’indifférence. Le bonheur, c’est de remplir sa tâche avec foi. Foi totale, en soi, dans sa tâche, en ses chefs, en Dieu. Jésus est le Maître.


9 décembre 1915,

Je rentre d’une inspection à des centres d’instruction de