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Mais le fascisme ne désarme pas ; ses troupes sont mobilisées, il s’en sert ; le 3 août, un camion automobile enfonce les grilles du palais municipal de Milan, la municipalité socialiste est expulsée sans subir aucune violence, et d’Annunzio fait une rentrée sensationnelle dans la politique active en prononçant, du balcon du municipio, une harangue enflammée où il dénonce le péril socialiste : 4 tués, 60 blessés. Les fascistes acceptent de se retirer devant le commissaire royal qui rétablit l’ordre. À Ancône, les fascistes attaquent un local où sont réfugiés les communistes et s’en emparent : 2 tués, plusieurs blessés. À Gênes, échauffourées dans les rues avec mitrailleuses et grenades : 2 morts, plusieurs blessés ; les fascistes s’emparent du palais San Giorgio où siège le conseil du consortium du port ; ils exigent la dissolution des coopératives qu’ils accusent de monopoliser le travail du port et obtiennent des garanties pour la liberté du travail. À Turin, en représailles de la grève, les patrons ferment pour plusieurs jours les usines. À Parme, bataille de rues entre les communistes retranchés dans un quartier et les troupes fascistes qui accourent des campagnes. Plus de 43 villes ou localités importantes sont le théâtre de luttes ; presque partout il y a des morts et des blessés. Le Gouvernement prend des mesures énergiques pour rétablir l’ordre. M. Mussolini affirme qu’il n’a pas d’autre objet que de briser définitivement toute tentative de grève générale et de réduire le parti communiste à l’impuissance. Mais l’exemple de la violence et du meurtre est-il vraiment le meilleur moyen pour arriver à l’ordre et à l’apaisement ? De représailles en représailles, que vont devenir, en Italie, la sécurité et le travail ? Si une crise industrielle, depuis longtemps menaçante, vient à priver de travail certaines catégories d’ouvriers, est-ce par la violence que se résoudra le problème du chômage ? Il n’y a de salut, pour les peuples, que dans l’obéissance à la loi ; mais ils ont le droit de veiller à ce que l’État remplisse sa haute fonction qui n’est pas seulement d’être gendarme, mais de faire, au sens le plus large du mot, régner l’ordre et respecter, par tous et pour tous, la justice.

La crise polonaise a pris fin, comme nous le faisions prévoir il y a quinze jours. Le chef de l’État a désigné M. Nowak, professeur à l’Université de Cracovie, comme président du Conseil (31 juillet). Celui-ci a rapidement réussi à constituer un cabinet où M. Narutowicz aie portefeuille des Affaires étrangères et qui est composé de la plupart des anciens ministres des cabinets Ponikowski et Sliwinski. Le nouveau ministère a obtenu, à la Diète, 54 voix de majorité. Les