qu’ils ne pouvaient renoncer à exiger le remboursement de leurs prêts et avances ; l’Angleterre se voit donc, à son regret, obligée de se tourner elle-même vers ses débiteurs et de leur demander, dans la mesure seulement où elle-même sera tenue de rembourser le trésor américain, d’étudier le moyen d’acquitter leurs dettes envers elle. « En aucun cas nous ne comptons demander à nos débiteurs plus qu’il n’est nécessaire pour payer nos créanciers. » Le contribuable anglais, « écrasé sous le poids d’un fardeau d’impôts sans précédent, » ne comprendrait pas pourquoi il devrait supporter seul le poids que d’autres se sont engagés à partager avec lui.
Le syllogisme établi par lord Balfour est inattaquable en droit ; il serait irréprochable dans son texte, si son auteur n’avait risqué incidemment une affirmation qu’il convient de relever. » On ne devrait pas oublier, dit-il, bien que parfois on le perde de vue, que c’est pour d’autres et non pour nous-mêmes que nous nous sommes endettés. » Si lord Balfour fait allusion à l’entrée en guerre de l’Angleterre, il nous permettra de dire qu’il fait erreur : c’est bien dans son propre intérêt que le Gouvernement britannique s’est résolu à la guerre après la violation de la neutralité belge dont il était garant ; outre son honneur, sa suprématie navale et commerciale était en jeu ; la victoire de l’Allemagne eût été la ruine de l’Angleterre ; si elle s’est endettée, en prêtant de l’argent à la France pour la commune victoire, c’est bien pour défendre sa propre cause ; si elle se battait pour notre salut, nous nous battions pour le sien ; et c’était très noble !
La note Balfour appelle une critique de fond plus importante : elle nous apparaît dangereuse, tant par ce qu’elle tait que par ce qu’elle exprime. Et d’abord, le syllogisme est incomplet ; il ne tire pas, de ses justes prémisses, toutes les conséquences qu’elles comportent ; la note devrait logiquement se terminer par une affirmation d’étroite solidarité dans la question des réparations, car si la France doit rembourser l’Angleterre à qui elle n’a emprunté que dans l’intérêt commun des Alliés et sur qui elle l’emporte par le nombre de ses morts et la masse de ses richesses détruites, l’Angleterre, à son tour, doit aider la France à se faire payer par l’Allemagne, responsable de la guerre et comptable des ruines volontairement accumulées par ses troupes ; cette conclusion naturelle, c’est précisément ce qui manque dans le texte de lord Balfour. Au contraire, la note est publiée en même temps que des déclarations de M. Lloyd George annonçant à tous les échos qu’il est partisan d’accorder à