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trouvent à l’Observatoire de Paris des conditions particulièrement favorables à leur réalisation et à leur continuation. Le souci seul de la vérité m’a poussé à répondre à votre question par ces faits facilement vérifiables. J’ajoute que j’ai la plus profonde vénération pour M. Baillaud, mais il est, j’en suis sûr, trop homme de science, pour ne pas comprendre que je puisse être en désaccord avec lui dans cette question purement technique. »

J’ai posé à M. Giacobini cette dernière question :

— Trouvez-vous que les conditions des observations équatoriales sont aujourd’hui moins bonnes à Paris qu’il y a quinze ans ?

— Nullement, a répondu le savant astronome.

Or, répétons-le, il y a quinze ans, l’Observatoire était dirigé par Maurice Lœwy, dont le prédécesseur immédiat fut Tisserand. Ni l’un ni l’autre de ces illustres savants n’envisagèrent jamais la nécessité du transfert du grand établissement, dont les travaux, sous leur impulsion, eurent un retentissement glorieux pour la France.

Peut-être, monsieur le ministre, voudrez-vous bien qu’à mon tour, après avoir donné ici l’opinion d’astronomes qui sont la gloire de la science française, je vous exprime la mienne propre. Que je le veuille ou non, c’est pour moi un devoir de conscience de le faire, car les principaux arguments invoqués en faveur du transfert projeté sont d’ordre photométrique, et, — si indigne qu’il soit, — c’est précisément votre serviteur qui a l’honneur de dirigera l’Observatoire le seul service qui soit exclusivement consacré à la photométrie.

Voici donc -ce que m’autorise à affirmer une expérience qui dure depuis une quantité d’années qu’il commence à être peu agréable de dénombrer :

« On ne peut que se ranger entièrement aux opinions exprimées par M. Bigourdan et par M. Giacobini. Ces opinions sont d’ailleurs fondées sur des faits irréfutables. Il est certain que l’absorption générale de la lumière stellaire par l’atmosphère est en moyenne un peu plus grande à l’Observatoire de Paris qu’à la campagne ; il est non moins certain que la légère diminution d’éclat des images qui en résulte est largement compensée, au point de vue de leur visibilité, par l’immobilité et la netteté exceptionnelle de ces images. On peut réalisera l’Observatoire de Paris dans des conditions très satisfaisantes toutes les observations photométriques différentielles qui constituent à peu près toute la photométrie astronomique. Non seulement le calme exceptionnel et la sérénité des images stellaires s’y prêtent à des mesures qui ne le cèdent en rien à celles obtenues