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est bien supérieur pour les observations astronomiques au ciel de l’Observatoire de Nice, au beau ciel de la Provence. C’est que ce qui importe à l’astronome, c’est avant tout non pas l’éclat des astres, mais le calme de leurs images. À l’Observatoire de Paris, par suite de circonstances topographiques heureuses, dues peut-être au choix judicieux des architectes de Louis XIV, ces images ont un calme, une fixité et, partant, une netteté remarquables et qu’on ne trouve guère ailleurs. À l’Observatoire de Nice, comme à celui de Marseille et en beaucoup d’autres endroits, les images sont beaucoup plus agitées. Mes propres constatations concordent à cet égard avec celles que MM. Jarry-Desloges et Fournier ont communiquées à l’Académie des Sciences.

« Voici d’ailleurs des faits. Mon collègue l’astronome Javelle, qui a observé des milliers de nébuleuses à la grande lunette (de 0 m. 76 d’ouverture) de l’Observatoire de Nice, a constaté que, neuf fois sur dix, les nébuleuses qui se trouvaient à la limite de visibilité de cet instrument figuraient dans le catalogue des nébuleuses découvertes à l’Observatoire de Paris par M. Bigourdan avec une lunette six fois moins puissante que celle de Nice au point de vue luminosité. Pareillement, dans ma recherche des comètes, les nébuleuses que je rencontrais à Nice à la limite de visibilité de mon instrument avaient toutes été vues par M. Bigourdan à Paris, bien que son instrument fût environ deux fois moins puissant que le mien,

« Tout cela prouve d’une manière incontestable que la luminosité du fond du ciel à l’Observatoire de Paris n’est nullement gênante pour les observations les plus délicates. En tout cas, je puis vous affirmer que cette luminosité y est moins grande qu’à l’Observatoire de Nice.

« En ce qui concerne les observations photométriques différentielles, que je fais lorsque j’observe les astéroïdes, j’ai constaté qu’elles sont non seulement aussi bonnes, mais meilleures à Paris qu’à Nice.

« Il est certain d’ailleurs que certaines observations méridiennes de haute précision sont peut-être gênées par les trépidations du sol parisien, encore que le bain de mercure de M. Hamy supprime, vous le savez, la plupart des inconvénients de ces observations. Mais l’astronomie méridienne n’est qu’un tout petit coin de l’astronomie moderne et il n’est pas un observatoire au monde où l’on étudie à la fois toutes les branches de l’astronomie.

« En un mot, j’estime que toutes les observations équatoriales qui constituent les neuf dixièmes de l’astronomie moderne, et auxquelles l’Amérique, en particulier, a consacré ses plus puissants instruments,