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page 22 de ce rapport sous le titre « Travaux d’astronomie moderne. »

Voici ce que l’on y lit : « Les recherches photométriques à travers l’atmosphère brumeuse et d’un pouvoir absorbant essentiellement variable de la grande ville sont souvent entachées d’erreurs prohibitives ; les observations photographiques avec des lunettes à grand champ sont impossibles à cause de la luminosité du fond du ciel produite par les lumières de Paris. Il semble vraiment qu’aucune des observations que comportera l’astronomie de l’avenir ne sera possible sur l’emplacement actuel de l’Observatoire. »

En un mot, le transfert serait justifié d’une part par la brume et l’absorption variable, d’autre part, par la luminosité de l’atmosphère parisienne.

Qu’en faut-il penser ? Nous avons soumis la question à M. Bigourdan. Son opinion était d’autant plus importante à connaître qu’il n’est pas seulement le directeur du Bureau international de l’heure. Auteur d’observations innombrables de tous les astres et d’un catalogue célèbre de nébuleuses où sont classés ceux de ces astres singuliers qu’il a découverts à l’Observatoire de Paris, M. Bigourdan est tout le contraire d’un astronome de cabinet. Il est certainement l’astronome français qui, depuis Lalande (lequel vivait au XVIIIe siècle), a passé le plus grand nombre de nuits à scruter le ciel à la lunette.

— Franchement, nous a répondu l’illustre astronome, je ne comprends pas bien ce qui justifie ce coûteux et mystérieux projet. Je dis mystérieux, parce qu’aucun des astronomes de l’Observatoire, ni l’Académie des Sciences, ni le Bureau des Longitudes, n’ont été consultés à son sujet.

« Aujourd’hui, ce projet revient sur l’eau. Mon avis sincère est que rien ne légitime ce projet, pas même les raisons d’ordre atmosphérique invoquées. Si l’atmosphère est un peu moins transparente à Paris qu’ailleurs (ce qui ne m’a pas empêché d’y découvrir récemment un grand nombre de ces astres presque invisibles que sont les nébuleuses), c’est-à-dire si les images des astres y sont un peu moins brillantes qu’ailleurs, en revanche, elles y sont d’une qualité merveilleuse et exceptionnelle. Des observations comparatives faites notamment par M. Jarry-Desloges et M. Fournier à Paris et aux environs, en Algérie, en Provence, et communiquées à l’Académie des Sciences, ont montré que la netteté et le calme des images astrales sont de beaucoup supérieures, à Paris, à ce qu’ils sont presque partout ailleurs. Cela peut paraître étrange, mais c’est un fait. Nous en