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pas contenir, pour être pertinent, à la fois le pour et le contre impartialement juxtaposés ?

M’eût-il pas été souhaitable qu’on rappelât dans ce rapport, que les deux successeurs de l’amiral Mouchez, Tisserand, puis Maurice Lœwy, n’ont jamais songé, — pour les fortes raisons sus-indiquées, — à reprendre son projet.

Bref, le principal argument de fait, — le seul incontestable, — invoqué dans le Rapport du 3 mars 1921 en faveur du transfert de l’Obervatoire, est (pages 13 et 14) que le Conseil de l’Observatoire approuva le 24 mai 1912 un précédent rapport que lui avait soumis M. Baillaud et qui concluait en faveur du projet de transfert.

Qu’est-ce donc que le Conseil de l’Observatoire ? C’est vous le savez, monsieur le ministre, un conseil mi-administratif mi-scientifique composé de représentants de divers ministères et aussi de quelques hommes de science éminents et auxquels le directeur de l’Observatoire rend chaque année compte de sa gestion. Parmi eux on a compté naguère, — pour ne parler que des morts et ne pas blesser la modestie des vivants, — Henri Poincaré, Darboux, Lippmann. Mais chose étonnante, il n’y a pas, — et il n’y avait pas à l’époque considérée, — un seul astronome parmi les membres de ce Conseil.

Donc, le Conseil de l’Observatoire a approuvé les termes d’un rapport concluant à la nécessité du transfert de l’Observatoire et. qui lui fut présenté le 24 mai 1912. Comment les membres de ce Conseil n’auraient-ils pas admis la conclusion nécessaire des prémisses qu’on leur présentait ? Comment eussent-ils pu supposer a priori que ces prémisses consistant en certaines affirmations d’ordre exclusivement technique et astronomique, non seulement n’étaient pas incontestables, mais devaient être fortement contestées par beaucoup d’astronomes dès qu’elles seraient connues d’eux. Je ne veux pas faire état ici de ces affirmations, de ces prémisses, puisqu’elles faisaient partie d’un document dont la teneur n’a jamais été divulguée officiellement aux astronomes et n’a été connue d’eux que postérieurement et par des indiscrétions.

Mais un certain nombre de ces affirmations se retrouvent dans le « Rapport adressé au Conseil dans sa séance du 3 mars 1921 » (donc neuf ans plus tard), qui, lui, est un document public. C’est sous la forme qui leur a été donnée dans ce document qu’il convient donc de les examiner. La plus importante de ces affirmations, et celle qui synthétise en quelque sorte toute l’argumentation, est résumée à la